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Filmer son voyage | Solidream - Rêves, Défis et Partage - Récits, films documentaires d'aventure
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Filmer son voyage

« Les grands voyages ont ceci de merveilleux que leur enchantement commence avant le départ même. On ouvre les atlas, on rêve sur les cartes. On répète les noms magnifiques des villes inconnues…», Joseph Kessel.

Kirghizistan

Les semaines, voire les mois, précédant le départ entretiennent le désir de découverte et attisent la curiosité de celui qui se découvre impatient. Comme un enfant au pied du sapin, l’apprenti voyageur veut ouvrir les cadeaux avant d’aller se coucher… Ce comportement, qui semble naturel, nous a aussi tenu éveillé pendant de longues nuits. Prévoir l’itinéraire, se renseigner sur les dispositions à prendre dans certains pays, comparer le matériel de camping, choisir des tennis légères ou des chaussures de randonnée plus chaudes… La majorité de ces questions, aussi légitimes qu’excitantes, a rapidement trouvé une réponse. Pour les autres, nous avons toléré de ne pas avoir de solution unique. Avec cette logique d’acceptation de l’incertitude, nous posons un premier pied dans l’esprit d’aventure. En revanche, pour un départ en équipe, pour assurer une cohésion dans le groupe et permettre à chacun de regarder dans le même sens, nous avons très vite compris qu’il nous faudrait trouver un objectif commun. Ce serait le partage de notre expérience sous forme de récits, de photographies et de vidéos.

 

Volonté vs Pénibilité

Il est 15h. Voici 24h que la faim vous tiraille. Vous progressez péniblement sur une piste boueuse sans idée d’où vous allez exactement. La pente est trop raide. Obstiné, vous poussez le vélo dans une allure pathétique vers le col qui siffle quelques promesses. Des promesses qui vont venir, sous forme de grêle et de vent, glacer votre peau ruisselante de transpiration. Vite, vous devez vous habiller, vous protéger et surtout amorcer la descente au plus vite.

Stop !

N’avez-vous rien oublié ?

Si, c’est le moment « idéal » pour sortir la caméra, réfléchir au bon cadrage, contrôler la mise au point et enclencher l’enregistrement. Vous devez aussi demander à vos compagnons de voyage, grelottant et impatient de repartir, de bien vouloir enlever leur veste pour rejouer la scène où ils s’habillent. Aussi, vous leur expliquez qu’ils doivent redescendre d’une centaine de mètres en arrière, il manque un plan pour introduire l’arrivée au col.

Kaï

Ce genre de situation s’est répété des centaines de fois en trois ans et, aussi surprenant que cela puisse paraître, n’a jamais été source de conflit dans notre groupe. Pourquoi ? Certainement parce que nous avions un objectif et une règle officieuse respectée par tous : chaque action dans l’intérêt du projet Solidream doit être supportée, quelques soient les conditions, par l’ensemble de l’équipe sans exception. Ce choix, que nous avons tous assumé, a été relativement facile à adopter du fait qu’il implique uniquement notre groupe.

En revanche, dès qu’une tierce personne est concernée, notre principe de « priorité au partage par l’image » se transforme en « priorité au partage du présent ». En  1098 jours de voyage, hébergés dans plus de 200 familles, nous avons relativement rarement sorti nos objectifs pour immortaliser les instants d’interaction avec eux. Il nous semblait difficile de filmer des personnes rencontrées quelques heures auparavant sans que cela paraisse déplacé, voire irrespectueux. Aussi, nous étions inquiets de briser la spontanéité et la confiance de ceux qui nous ouvraient leurs portes en cachant nos yeux derrière des écrans parfois venus d’un autre monde, d’un autre temps… Quelquefois, nos hôtes manifestaient le désir de parler à la caméra ou nous autorisaient spontanément à sortir nos appareils. De là, nous avions le privilège d’enregistrer ces belles rencontres.

 

Rusticité vs Technicité

Remettons tout de même les choses dans leur contexte. Au départ, il y a trois ans et demi (et oui, ça fait 6 mois que nous sommes rentrés…), nous n’avions pour ainsi dire aucune compétence en montage ou en photographie, pas de PC adapté et aucune connaissance technique pointue. Vous savez ce que c’est vous, la différence entre le codec ProRes 4.2.2. et le H.264 hein ?! Et bien si vous partez bientôt et que vous voulez faire des images de qualité, vous allez peut-être tomber dessus et ça fait une énorme différence… Les GoPro (ces petites caméras étanches qui ont envahi le marché) n’existaient pas, mais nous partions avec la simple envie de ramener de belles images de notre itinérance

Pour un voyage au long cours, si vous avez l’intention de réaliser vos montages vidéo sur la route, sans jamais payer d’hébergement et avec un budget quotidien de 8 €, il va falloir apprendre à faire des compromis en plus de transporter votre ordinateur et vos disques durs externes. Vous avez besoin d’électricité, d’un environnement relativement « sain » et de quelques jours consécutifs sans vous déplacer.

Dans notre cas, ces conditions étaient réunies chez certains de nos hôtes chez qui nous consacrions environ deux jours de travail pour un clip de dix minutes suivant ces étapes :

  • Death Valley Copie (et sauvegarde) des fichiers vidéos extraits de nos différents appareils
  • Importation dans le logiciel de montage
  • Dérushage (visionnage et tri)
  • Montage (construction de l’histoire, choix des musiques…)

Il n’est pas simple, dans un voyage où la liberté est l’un des maîtres-mots, d’accepter de s’enfermer dans une pièce, devant un ordinateur, à oublier le présent, oublier l’environnement pour retourner dans le passé, retourner ailleurs. Paradoxalement, il peut être agréable, dans un quotidien où certains manques se font sentir, où l’inconfort pèse et où les questions existentielles nous occupent l’esprit, de s’évader du voyage à travers un travail concret, un exercice qui rapproche d’une certaine façon de chez soi et de ceux qui comptent.

Un hollandais cyclo-voyageur rencontré au Tadjikistan nous avait dit : « Je n’ai pas de blog, car je ne veux pas de la lourde routine qui y est associée », alors qu’il s’apprêtait à rentrer en Afghanistan. Il avait raison. Nous aussi avions raison, il s’agit juste de faire un choix dans lequel on se complaît. Nous avons pris beaucoup de plaisir à tourner les images, à photographier tous ces endroit et prendre le temps de les partager, et c’est bien ce qui compte. Mais il est vrai que cela est synonyme de sacrifice d’une partie du voyage en lui-même. Dans ces phases de travail, que l’on peut estimer à environ 300 jours sur 1098 jours, nous étions toujours préoccupés à respecter le bon code de conduite chez nos hôtes. Une fois de plus, le collectif nous permet de conjuguer toutes ces dimensions dans le respect de chacun et le plaisir de tous : tandis qu’un bosse sur le prochain film, les deux autres partagent le quotidien de nos hôtes, rendent service ou vont explorer les environs.

Cambodge

Les premiers mois, dans un souci d’économie, nous vidions les cartes SD sur des disques durs externes pour pouvoir les réutiliser. Mais cette solution nous est rapidement apparue comme trop risquée et plutôt que de faire un « couper » nous avons choisi de « copier ». Il nous a fallu acheter une quantité importante de cartes SD (environ 1 000 Go de capacité au total pour 3 ans, photo et vidéo compris) et, tous les 6 mois environ, nous trouvions des amis ou de la famille quelque part dans le monde pour renvoyer un disque dur de sauvegarde en France. Nous gardions avec nous une copie de celui-ci en plus des cartes SD.

Enfin, concernant les logiciels de montage, nous utilisions Adobe Premiere Pro sur la route et Final Cut Pro X depuis que nous sommes rentrés en France. Il n’y a pas un mieux que l’autre, seulement celui avec qui vous vous sentirez le plus à l’aise, à vous de tester. À savoir pour les deux logiciels mentionnés : s’ils sont les plus connus, Premiere Pro est natif à PC et Final Cut n’existe que sur Mac.

Ah, et si vous voulez, vous pouvez commander un DVD du film Solidream ici 🙂

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