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Un été en Europe : à travers les Balkans | Solidream - Rêves, Défis et Partage - Récits, films documentaires d'aventure
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Il y a des jours où une rencontre fortuite sans intérêt profond nous fait facilement sourire. Cet homme, qui ne parle que le hongrois, est venu s'asseoir avec nous et, à défaut de pouvoir échanger beaucoup, nous a fait quelques pas de danse aux allures de clown ! La joie de vivre n'a donc pas besoin de langage, preuve par l'image !

Un été en Europe : à travers les Balkans

L’Europe, le dernier continent pour boucler la boucle. Nous laissons Istanbul et ses protestations lacrymogènes en Turquie, passons la frontière qui délimite les mosquées des églises orthodoxes de Bulgarie, faisons quelques kilomètres sur le tarmac serbe, découvrons la vie nocturne de la Roumanie et nous enlisons en essayant de prononcer le nom des villes hongroises…

Un retour contre un autre départ

Les douze étoiles jaunes sur fond bleu s’accolent aux trois rayures verte, blanche, rouge du drapeau bulgare tandis que Jésus sur la croix remplace les minarets pointant vers le ciel. Que signifie « rentrer » en fait, au-delà de l’élan physique pour nous ramener au point A après tant de points B, C, D, E…Z ? Il semble que nous trouverons la réponse bientôt. Mais elle viendra plus tard cette réponse. Pour l’heure notre état d’esprit est d’essayer de regarder autour de nous et de profiter de ce qu’il reste de ce voyage inoubliable afin de ne pas sauter les étapes. Nous sommes donc revenus « chez nous » en Europe, quand bien même la qualité de citoyenneté européenne soit quelque chose de plus qu’un simple état juridique pondu par Maastricht il y a 20 ans. Après tout, honnêtement, que partageons-nous de commun avec le peuple bulgare, qui parle un dérivé du russe et qui écrit en cyrillique ? Une religion dominante, peut-être ? Même le courant orthodoxe diffère du courant catholique en France. Mais il semblerait que quelqu’un ait la réponse pour nous.

Brian donne son sentiment par rapport au retour : « Au fur et à mesure que l’on se rapproche de la France et de la fin de ce voyage, je réalise que la vie ensemble va bientôt se terminer. Je serai content de retrouver un espace privé et de vivre enfin seul, mais la vie à trois que nous menons est quelque chose de très puissant et précieux que j’apprécie au plus haut point maintenant qu’elle devient rare. Donc non, pas vivement la fin. »

Sur les hauteurs de Sofia avec Martin, Anatoli, Sveti et Diliana

Sur les hauteurs de Sofia avec Martin, Anatoli, Sveti et Diliana

Martin nous invite chez lui à Sofia pour 3 jours. Il nous a trouvés sur internet et souhaite nous rencontrer pour parler de son tour du monde à vélo, dans lequel il se lance mi-août ! Que dire à Martin qui nous présente son trajet rêveur de 50 000 km ? Martin connaît notre site web par cœur, il a vu toutes les photos et vidéos ! Nous sommes subjugués… Comme à chaque fois que quelqu’un vient vers nous pour nous faire part de son « grand départ » et nous préciser que nous l’avons inspiré à se lancer. 3 ans d’anecdotes nous repassent par la tête, et nous nous revoyons à l’orée du départ, vélos et sacoches flambant neuves. Martin est un peu fébrile mais dans notre tête, nous gambergeons : « Vas y mon gars ! Si tu savais… ». Nous sommes fiers de voir Solidream devenue une machine à inspirer, telle que nous l’avions imaginée il y a 5 ans, lorsqu’elle a été créée. Oui, c’est une femme qui enfante des rêves désormais. Mais qu’avons-nous fait réellement ? Rien en fait, à part croire en nous et en l’humanité. Nous nous sommes convaincus que de partir à la rencontre de l’autre valait bien quelques prises de risques. Nous ne sommes personne, tout le monde est personne. Et pourtant c’est bien tout le monde qui peut rendre sa vie extraordinaire. Il est là notre point commun avec les bulgares et Martin est leur ambassadeur. Il part faire de son rêve une réalité…

Et Sofia n’est pas l’exception puisque Anatoli, Sveti, Diliana et Martin nous emmènent vadrouiller dans cette ville vibrante, théâtre de manifestations depuis un mois pour protester contre l’oligarchie en place, ce « mélange d’économie, de criminalité et de politique« . Mais les manifestations sont pacifistes (aussi côté autorités), rien à voir avec ce que nous avons vu à Istanbul. Nous sirotons un cocktail sur une place branchée dont nos hôtes nous régalent. Nous arrivons à payer une tournée quand même… Le dimanche, Sveti et Anatoli nous invitent pour des baklavas chez eux. La chaîne de solidarité/générosité ira jusqu’au bout on dirait. Tant mieux, nous croyons aussi en l’Europe. En partant, Sveti a contacté BTV, l’équivalent de notre TF1, pour faire un reportage au 20h. Nous quittons Sofia sous l’oeil des caméras.

Solo vs. collectif

A quatre en Serbie

A quatre en Serbie

C’est avec plaisir que nous accueillons Lukas, un cyclo-voyageur hollandais, pour quelques centaines de kilomètres. Il arrive de Singapour en vélo et voyage principalement seul. Depuis plusieurs semaines il nous traquait sur internet pour essayer de nous croiser sur la route. C’est chose faîte !

Il nous régale de ses anecdotes de voyages avec cette touche d’humour qui lui est propre. C’est toujours un plaisir pour nous de partager notre quotidien avec une nouvelle personne, de comparer nos différents modes de vie, nos expériences et nos visions de la société et du monde. Avec Lukas c’est parfait, en plus d’assurer la cadence avec son vélo chargé, il alimente nos discussions de remarques pertinentes et d’analyses intéressantes. C’est ainsi qu’il nous éclaire sur quelques unes des grandes différences entre notre voyage en équipe et celui d’un solitaire.

Nous lui expliquons que dans tous les pays où notre budget le permet nous aimons nous asseoir dans les restaurants ou dans les cafés. Ces moments, en plus du repos et des calories qu’ils nous apportent, nous permettent d’être plus facilement au contact des gens, d’interagir avec eux et d’en apprendre un peu plus sur leurs coutumes. Pour lui c’est différent. Seul assis à une table il est souvent scruté par des regards trop curieux et les longs silences qui en découlent le fatigue. Il est facilement perçu comme une bête de foire et les gens se demandent ce qu’il fait tout seul assis sur cette chaise… Il préfère rouler toute la journée puis, toujours avant la nuit, trouver un camp où personne ne le verra. Une fois installé, si un local découvre sa « cachette », il remballe tout et repart trouver un endroit plus sûr. Il admet parfois voyager « isolé » du monde, mais il n’est pourtant pas du tout asocial ! En équipe, nous traînons toujours sur les terrasses, dans la rue, devant les églises, sur la plage ou dans les stations-services jusque tard le soir. Une fois qu’il fait nuit noire et que nous sentons la fatigue s’imposer nous partons chercher un endroit où passer la nuit. Dans un champ, derrière un muret, sous un pont ou dans un temple nous installons notre camp en veillant aussi à être bien caché.

Avant de partir pour ce long voyage, nous nous demandions si nous trouverions des personnes pour héberger 3, parfois 4, étrangers. Nous pensions que nous réduisions nos chances de rencontrer des locaux en partant à plusieurs. Mais cette aventure nous a prouvé le contraire et Lukas nous a permis de nous donner quelques indices sur les raisons de cette réussite. « L’Homme est un animal social » écrivait Aristote. Dans les montagnes du Kirghizstan, la jungle du Cambodge ou le désert du Sahara il semblerait que les humains s’identifient plus à une équipe de voyageur plutôt qu’à un solitaire. Généralement ils jugent notre entreprise beaucoup plus raisonnable et compréhensible car dans leurs cultures les voyages (souvent liés aux saisons et/ou au bétail) se réalisent en groupe. Et lorsqu’on partage un point commun avec un étranger, la peur et l’interrogation laissent place à la discussion et au partage.

Lukas dans le Danube en Bulgarie

Lukas dans le Danube en Bulgarie

Ces filles de l’est…

Bon, soyons honnêtes : les filles de l’est ce n’est pas un mythe. Déjà que la capitale bulgare nous avait épatés, Raf a voulu nous en faire la preuve à Timisoara en Roumanie. Raf est un ancien collègue étudiant de Brian, il nous accueille dans son joli petit appartement et nous enchaînons les soirées folles dans cette ville jeune, étudiante et, il faut bien le dire, bondée de superbes créatures habillées très court dans des bars/boîtes à l’ambiance jet-setteuse. Avec notre budget, nous faisons pâle figure. Même si nous nous autorisons quelques extras, nous ne pouvons pas rivaliser sur les vêtements derniers cris.

Morgan : « Je suis spectateur d’une société nombriliste où les gens se regardent mais ne se parlent pas, défilent mais ne marche pas, font du bruit mais n’écoutent pas… C’est une parade permanente où les seins siliconés débordent du décolleté pour admirer les biceps surdéveloppés des ces hommes tatoués jusqu’aux bout des oreilles… La conquête du sexe opposé par la « beauté » a atteint son paroxysme. Au royaume des oiseaux les roumains de Timisoara seraient les rois.« 

Timisoara (Image tirée du site http://irinabulmaga.blogspot.ch)

Timisoara (Image tirée du site http://irinabulmaga.blogspot.ch)

La petite ville est somptueuse, ses places bordées d’églises et de bâtiments d’époque n’ont rien à envier à notre Montpellier, même si des airs de ressemblance flottent. Les journées, nous alternons entre travail sur nos images et fins de journée à la piscine où les mêmes bimbos viennent se pavaner en bikini et jouent à qui sera la plus belle. Joli spectacle.

Nous quittons Raf la tête fatiguée de ces soirées jusqu’au petit matin, non sans avoir oublié de lui donner de bons conseils pour son road trip en mobylette de Montpellier jusqu’en Bretagne la semaine suivante. Nous passons le jour même en Hongrie, un autre de ces pays de l’est. Là nous oublions les filles en bikini et profitons des sourires et des regards en coin des jeunes hongroises. Même si nous mettons plusieurs secondes à déchiffrer le nom des villes… Nous enchaînons les kilomètres à travers les petits villages dont chacun dispose de sa jolie église : c’est là que la compétition se cache désormais. En trois jours, nous traversons le pays et arrivons à la frontière autrichienne à peine signalée par un panneau « Die Republik Österreich ». Nous sommes loin, très loin de nos galères de visa en Asie centrale. Vive Schengen ! C’est parti, nous parlerons allemand (enfin nous essaierons…) jusqu’en Suisse où nous retrouverons notre bon vieux français !

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