Il est 1h du matin et nous avons du mal à aller nous coucher tellement le spectacle est envoûtant. Nous ne savons pas si les montagnes en face appartiennent au Yukon ou à l’Alaska mais nul doute qu’elles nous font rêver les yeux ouverts.
Nous arrivons à la frontière Canada-USA (Alaska) mais celle-ci est fermée. Nous allons tout de même voir les douaniers pour demander un peu d’eau avant d’aller camper un peu plus loin. Lorsqu’ils apprennent que nous avons mis qu’un seul jour pour venir depuis Dawson, ils nous offrent 4 bières et nous disent qu’en général les cyclistes mettent 2 ou 3 jours. Sur l’endroit ou camper qu’ils nous ont indiqué, la vue sur le soleil couchant est imprenable.
Nous retrouvons la neige que nous n’avions pas vu depuis la Sierra Nevada et Bertrand retrouve les sensations du voyage à vélo dans ces environnements exceptionnels.
Morgan : « Cette région du monde est réellement extraordinaire, magique, riche et mystérieuse. Il existe des milliers d’hectares où l’homme n’existe pas, il est encore possible de grimper des montagnes qui n’ont jamais été escaladées par un autre… La nature y est belle et les gens accueillants. Je me surprends à penser que nous faisons un tour du monde en 3 ans mais que nous pourrions voyager 3 ans dans le Yukon sans en avoir fait le tour. »
La « Top of the World Highway » nous fait longer les crêtes d’une chaîne de montagne, cela est éprouvant (2200 mètres de dénivelé positif le premier jour) mais les paysages sont superbes.
Après nos 8 jours seuls sur le radeau nous apprécions cette invitation au Casino et prenons la pause avec celles qui ont fait le spectacle tout la soirée.
Dawson City, Yukon, Canada.
Après une petite conférence dans leur café en construction, Julie et Florian nous invitent au casino, le plus vieux du Canada. C’est ici que, au début du XXème siécle, les chercheurs d’or venaient dépenser leurs pépites.
Les danseuses traditionnelles aussi font partie du folklore de la ville.
Construite en hâte à l’époque de la ruée vers l’or, Dawson a su conserver certains bâtiments qui datent de sa naissance, à la fin du XIXème siècle.
Dawson City, Yukon, Canada. Cette ville est totalement différente de tout ce que nous avons pu voir avant. C’est un voyage dans le temps, c’est une intrusion dans l’ambiance farwest que nous regardions plus jeunes dans les « westerns » de Clint Eastwood. les gros pick-up remplaçant les chevaux. Nous écoutons, curieux et étonnés, les histoires de règlement de compte à coup de fusil où rencontrons le sympathique Bill vivant dans une grotte aménagée le long de la rivière…
Après 8 jours et 700km sur la rivière nous arrivons le 3 juillet à Dawson City et recherchons activement une personne pour acheter notre radeau. Julie travaille dans l’économie sociale pour le Chantier Economique et Social du Québec, également présent dans le Yukon. Elle accepte de nous racheter notre radeau pour la moitié de son coût de revient. Il servira dans le projet de relancement de « Tent City » à Dawson, espace de camping permanent et gratuit durant la saison d’été, dédié aux jeunes qui viennent travailler dans cette région et qui ont du mal à se loger. En effet, il est interdit de camper aux abords de la ville mais aucune loi n’existe sur la surface du fleuve.
Bertrand est venu de France avec 75m de corde d’escalade offert par Jaques Michel et Mathieu Mercier. C’est ainsi que nous amarrons notre vaisseau aux arbres de la rive.
Lorsque nous souhaitons quitter la berge, nous nous aidons de bâtons pour nous en écarter le plus rapidement possible et ainsi éviter les dégâts en rasant la berge sur plusieurs dizaines de mètres.
L’accostage est parfois un peu sportif lorsque nous ne trouvons pas de zones avec un courant plus faible. Si nous n’arrivons pas à nous arrêter en nous accrochant aux branches l’un d’entre nous prend le risque de sauter du radeau et de courir accrocher notre amarre à un arbre qu’il a vite repéré. Il n’a pas le droit à l’erreur, sinon le radeau s’en va sans lui…
Il est 2h du matin et nous continuons de naviguer tant le spectacle est grandiose.
Nous aimons naviguer la nuit. A ces latitudes et en cette saison le ciel s’enflamme pendant des heures et le calme de la nuit nous offre un moment de répit à consommer sans modération.
Notre vue du balcon.
Comme le drapeau l’indique, le vent nous arrive par la gauche et nous déporte vers la rive droite. C’est la raison pour laquelle Brian et Bertrand sont sur la droite tandis que Siphay est seul sur la gauche. Ainsi ils peuvent se maintenir à une distance raisonnable du bord.
Parfois nous trouvons des zones sans courant où il nous est facile de nous arrêter. Par contre, l’accès à la rive est marécageux et infesté de moustiques.
Tout au long de notre voyage, dans tous les pays, la lune veille sur nous.
Chacun à son poste nous déployons toutes nos forces pour diriger notre embarcation loin des hauts fonds.
Les arbres bordant le fleuve tombent dans l’eau et il arrive souvent que des amas de bois nous barrent la route. Nous devons donc être vigilants afin de préserver notre embarcation.
Lorsque le radeau ne nécessite pas de manutention particulière, que le vent ne nous emporte pas vers la berge, nous apprécions prendre un peu de temps pour rêvasser, ou tout simplement admirer le paysage.
Nous naviguons sans GPS. Dès que cela est possible, nous faisons un pointage sur notre carte, imprimée et plastifiée à Whitehorse, pour voir notre état d’avancement. Il était parfois bien difficile de faire la distinction entre les grosses îles et le continent, de repérer les rivières camouflées sous une végétation dense ou de distinguer les sommets des montagnes nous permettant d’estimer notre position. L’avant-dernier jour nous avons estimé notre arrivée à Dawson le lendemain à 15h et sommes finalement arrivés à 14h30. On se passe bien d’un GPS, même en 2012
Tous les soirs, Siphay allume un feu afin que nous puissions faire brûler nos déchets. Il faut cependant être vigilant car les feux de forêt sont fréquents dans la région.
La pluie ne cesse de tomber et le vent souffle de plus en plus fort, nous décidons donc de faire une pause afin de mettre en place un toit amovible à l’aide de nos bâches et de troncs d’arbres coupés dans la forêt.
La pluie s’abat sur le Yukon et nous nous protégeons sous notre toit de fortune.
Nous passons dans les rapides appelés les « Five Fingers », ainsi nommés car quatre rocs se dressent au milieu du lit de la rivière, ce qui laissent 5 passages possibles pour passer, dont un seulement es praticable. Nous attendions cet instant depuis longtemps et avons écouté les conseils des locaux en prenant le couloir de droite. Rames à la main pour garder le bon cap ou poussant les rochers avec un long baton taillé dans un tronc d’arbre, nous passons cet étape sans problèmes. Une fois de retour dans des eaux plus calme l’un d’entre nous dit fort ce que nous pensons tous : « C’est comme ca qu’on veut vivre le Yukon ! On veut encore des rapides, de l’action, de l’adrénaline ! »
Nous venons de passer Carmacks, le seul village existant sur les 700km de descente, et nous nous approchons, sous une pluie fine et froide, des rapides appelés Five Fingers. Nous savons que nous devons rester sur le flanc droit de la rivière pour passer cette zone délicate dans les meilleures conditions
Ce soir c’est le SolidShow
Lorsque nous ne ramons pas, nous ne nous lassons jamais d’admirer le paysage environnant. Poussant les journées parfois jusque tard dans la nuit, nous admirons le coucher de soleil de minuit
Trois à tribord ou deux de chaque côté, parfois même sur le même bord, assis ou debout, un seul leitmotiv : ramer pour éviter de venir s’encastrer dans les rives ou dans les îles qui se dressent devant nous au fil du courant.
Le vent a souvent tendance à nous pousser sur un bord de la rivière, nous obligeant à pagayer régulièrement pour rester à une distance raisonnable des rochers.
Avec un raft de plus de 1,5 tonnes, il n’est pas évident de s’arrêter où l’on veut. Nous devons donc parfois nous contenter de camps peu accueillants nécessitant un débroussaillage intensif. Une fois le ménage fait nous montons les tentes, rangeons tout ce qui est susceptible d’attirer les ours dans nos bidons étanches entreposés sur le radeau et nous écroulons dans nos duvets en disant « On va encore bien dormir ce soir »
Coucher de soleil sur la Yukon River.
À Whitehorse, notre ami Sid Noormohamed nous a offert de la viande de bison qu’il avait chassé lui-même. Alors que nous dérivons sur le Yukon, Morgan découpe la viande dont nous allons nous régaler quelques minutes plus tard! Merci Sid !
Heure de la première douche sur le Yukon pour Bertrand. L’eau est très fraîche (nous l’estimons à peu près 7/8°C à cet endroit de la rivière) mais l’été a fait son avancée et le soleil étend sa chaleur de midi.
Au début de notre parcours sur le fleuve, l’eau est d’un bleu fascinant et le lit de la rivière relativement étroit. Alors que le courant nous porte, nous nous familiarisons avec notre embarcation et tentons d’anticiper les rives en redressant le cap du radeau à la rame.
Morgan découpe à la machette quelques branches afin de terminer la construction de notre abri contre la pluie qui nous menace.
Les couleurs du ciel de minuit nous font vite oublier les milliers de moustiques qui nous assaillent depuis notre premier pied posé à terre.
Notre radeau est grand et stable; nous avons tout l’espace nécessaire pour cuisiner nos petits plats même pendant la navigation.
Avec notre bâche en mode « spi », nous arrivons à vue de la Yukon River en seulement 13h de navigation pour 30km parcourus environ. Nous utilisons les rames comme gouvernail afin de tenir un cap de largue (vent ¾ arrière)! D’après les nombreux témoignages que nous avons récoltés, la traversée de ce lac est souvent une des épreuves les plus difficiles… certains mettent plusieurs jours en canoë pour rejoindre l’embouchure de la rivière. Merci Eole.
Brian filtre de l’eau pour l’équipe. Sur le Yukon, il suffit de plonger l’embout du filtre dans l’eau du fleuve et de pomper pour obtenir de l’eau fraîche et potable. Pas tout à fait claire par endroits, le filtre s’encrasse vite et nous devons le nettoyer chaque jour.
Sur le lac Laberge, le jour de notre départ, les dieux sont avec nous : un vent 3/4 arrière nous pousse vers l’embouchure de la Yukon River. Nous en profitons pour improviser une voile avec l’une de nos bâches et transformons notre radeau à rames en voilier !
Derniers réglages et vérifications avant le grand départ sur le lac Laberge. Nous fixons les bidons qui assurent la flottaison de l’embarcation avec des sangles solides, faisons basculer le tout dans l’eau, ca y est nous sommes prêts à ramer!
Il est 22h et nous quittons Whitehorse et les belles rencontres que nous avons pu faire là-bas. C’est à vélo que nous nous rendons chez Didier, 55km au nord de la ville. En plus de nous avoir prêté ses outils, apportés son savoir et ses conseils de menuisier, Didier emmène notre radeau jusqu’au Lac Laberge grâce à son énorme remorque.
Le 23 juin 2012 Bertrand rejoint l’équipe à Whitehorse après avoir quitté Siphay et Morgan à Ushuaia 15 mois plus tôt. Nous lui faisons une petite blague pour marquer le coup. Il est donc accueilli par Moira, une amie canadienne, peu vêtue et tenant à la main une pancarte « Bibi » tandis que nous sommes cachés un peu plus loin pour immortaliser l’instant. Clairement mal à l’aise et un peu sonné par ses 24h de voyages, il met un petit moment à réaliser ce qui lui arrive. Quant à nous, après avoir bien rigolé, nous promettons à Bibi de présenter nos excuses à sa chérie restée en France. Pardon Céline, c’était juste une blague 😉
Les « mushers » sont nombreux dans la région. Ces amoureux du chien de traineau, moyen de locomotion ancestral du grand nord canadien, ont parfois des dizaines de chiens chez eux et c’est tout un travail. Ici les chiens de Moira, rencontrée à Whitehorse : ils ne sont pas en laisse, chose rare dans un élevage, et paraissent s’apprécier.
Morgan à la découpe des planches qui nous serviront à la construction de la structure de notre radeau.
Nouveau défi : descendre la Yukon River avec un radeau construit de nos propres mains. Arrivés à Whitehorse nous avons rencontré Didier, un talentueux menuisier, qui s’est proposé de nous prêter ses outils et de nous apporter ses conseils et son savoir faire pour construire notre radeau. Le premier plan illustre trois rangés de barrils de 200L. Finalement, nous avons construit deux radeaux carrés de 3,5m de côté et avec 2 rangés de 4 barrils chacun nous assurant stabilité et une bonne flottaison. Les deux radeaux seront jumelés une fois sur l’eau.
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