Avant de nous quitter Barbara nous dit : “Des les premières secondes où l’on s’est parlé j’ai senti en vous une aura positive et sincère. J’avais envie de vous aider sans même connaître votre histoire. Aujourd’hui, si je pouvais, je vous adopterais“. Merci à notre ange-gardien !
A 16h15 Brian revient de son rendez-vous avec le manager de Carlile et nous dit “C’est bon les gars, on se casse !”
C’est finalement Barbara qui nous emmène dans son camion avec l’autorisation des ses responsables. Pendant les 18h de route jusqu’à Fairbanks nous tenons compagnie à notre “sauveuse” et avons le sourire permanent ainsi qu’un sentiment de satisfaction indescriptible.
Jusque là nous restons dehors, attaqués par les moustiques et le soleil, en essayant de trouver un véhicule pour nous trois et nos vélos… Il suffit de quelques heures pour que tout le monde nous connaisse et parle de nous. Des gens essaient de nous trouver un moyen de retourner à Fairbanks, d’autres nous apportent à manger au bord de la route… tandis que nous sommes toujours aussi impressionnés par la bonté des gens.
Le matin, tandis que le soleil a rasé l’horizon sans jamais se coucher, Brian va voir la compagnie de camion Carlile pour tenter notre chance et ils lui demandent de repasser à 16h.
Nous passons toute la nuit dehors et vers 2h30 du matin un camion s’arrête. Barbara, la conductrice, ouvre la fenêtre pour nous expliquer qu’elle va juste se coucher et qu’elle ne part que le lendemain vers le Sud. Elle aimerait nous aider mais ne peut pas au risque de perdre son travail… Puis avant de partir elle nous offre 3 petits déjeuners à l’hôtel du complexe industriel.
La patronne du seul magasin de cette grande exploitation industrielle de pétrole (25 résidents permanents, mais près de 5000 travailleurs venus de loin) nous offre 3 sandwiches alors que nous étions en train de lui acheter des cacahuètes pour refaire le plein de calories. Puis, à l’aide d’un complice rencontré dans la rue, nous rentrons en fraude dans les bâtiments privés des entreprises pétrolières pour accéder aux douches chaudes. Quel bonheur simple mais intense !
Puis vers 22h nous nous mettons au bord de la route et arrêtons tous les véhicules pour nous faire ramener à Fairbanks, 800km au Sud…
Le 22 juillet 2012 nous arrivons à Deadhorse. Notre joie et notre sentiment de satisfaction sont indescriptibles. Nous avons rejoint l’Océan Arctique 17 mois après notre départ d’Antarctique à la force de nos jambes, à la voile et en radeau mais surtout grâce à la générosité et l’hospitalité des gens qui donnent une plus grande dimension à notre aventure. Merci à tous !
Après avoir traversé 5 fois les Andes, campé à près de 5000m d’altitude, roulé dans la jungle amazonienne, navigué dans les Caraïbes, grimpé le Mont Tom, descendu la Yukon River sur notre radeau construit à Whitehorse nous voici au bout des Amériques, à Deadhorse.
C’est une ville essentiellement tournée vers les fournitures et le logement des personnes qui travaillent sur les installations pétrolières de Prudhoe Bay. Pas très chouette comme endroit mais très symbolique pour nous…
Une femelle caribou isolée avec en fond les premiers signes du site industriel de Prudhoe Bay.
Tout notre matériel est repeint par la boue accumulée durant ces 800 derniers km.
Alors que nous sommes à seulement 20km de Deadhorse le pneu avant de Brian crève… réparer une crevaison avec des milliers de moustiques à la charge est un défi en soi.
C’est le dernier jour des Amériques, Brian raconte : « Nous avions le vent de face et on avançait pas. Mais je m’en foutais, on avait parcouru l’Amérique bordel ! Un peu plus loin, un truck s’est arrêté et nous a offert trois bières, que nous avons bu avec un grand sourire en roulant pour éviter les moustiques. La célébration a été un peu avancée car il restait presque 40 bornes haha ! »
C’est psychologiquement fatigant de s’arreter pour se salir les mains plusieurs fois par jour, car nos chaînes nécessitent un entretien quotidien dans ces conditions de boue et de poussière et nos freins deviennent rapidement obsolètes…
Les petits lemmings occupent les bords de la route et nous sommes étonnés de voir un animal à l’apparence si vulnérable capable de vivre dans cette région aux conditions climatiques extrêmes.
La dernière portion jusqu’à destination : alors que la chaîne des Brooks Range s’efface derrière nous, nous parcourons l’immensité de la toundra.
On a craqué ! Ça faisait des mois que nous n’avions pas mangé dans la tente à cause des ours, mais l’horreur des moustiques a eu raison de notre perspicacité. Pour se rassurer, des géologues nous ont dis que les grizzlies étaient probablement plus loin qu’ici, à la chasse aux caribous.
On a beau être originaire de Camargue, on ne s’y fait pas à ces moustiques ! Bien plus gros, agressifs et nombreux que chez nous, les pauses qui sont habituellement un moment pour respirer deviennent un calvaire ! Aller on sort quelques biscuits et on s’en va !
Une fois que nous avons franchissons la dernière chaîne de montagnes nous arrivons dans ce décor : La toundra. Plus aucun arbre ne survit : le nombre de jours assez chauds pour que la photosynthèse se fasse et trop réduit. Du coup, l’eau stagne et cela crée des marécage en été et le permafrost en hiver.
Cet oléoduc, ou pipeline en anglais, traverse l’Alaska du Nord au Sud sur plus de 1300km. Le pétrole est acheminé de Prudhoe Bay vers Valdez pour être ensuite raffiné puis vendu à la pompe.
Certains automobilistes au volant de leur 4×4 nous disent que nous aurons des difficultés à aller plus loin, qu’il y a 20cm de boue sur la route et que cela paraît « crazy » d’y aller à vélo. Nous les remercions et continuons avec le sentiment que plus rien ne peut nous arrêter…
Atigun Pass, 1500m. Nous voici au niveau des nuages et nous entamons notre descente dans un brouillard froid et dense.
Siphay, Morgan et Brian quelques centaines de mètres avant le dernier col qui nous ouvrira la voie vers l’Océan Arctique.
Les côtes de la Dalton Highway atteignent parfois les 12% et nous dépassons difficilement les 6km/h dans ces conditions.
Siphay entame l’effort pour surmonter Atigun Pass, le dernier col à gravir en Amérique avant de descendre dans la toundra du versant Nord.
Le sommet est tout proche, Morgan s’est avancé pour prendre une vue lointaine de Siphay et Brian en train de fournir les derniers efforts pour monter à 1500m. La vue est splendide et la pipeline fait un peu tâche au milieu de tout ça…
Même si les montagnes nous donnent un peu de fil à retordre nous nous imposons un minimum de 145km par jours pour faire l’étape en 6 jours, comme prévu.
Ce jour là Dave, un américain travaillant sur la Pipeline, nous offre 3 sacs de nourriture. Il nous déconseille de continuer vers le Nord car il explique qu’il nous faudra payer 25$ pour pouvoir manger une fois arrivé à Deadhorse et que nous serons certainement obligés de dormir à l’hôtel. Nous l’écoutons poliment, lui disons merci, au revoir et continuons vers le Nord sans l’intention de payer un hôtel, de débourser 25$ pour manger ni de rebrousser chemin !
Ici, tu dois respecter le camionneur. En effet ils sont nombreux à faire les aller-retour de Fairbanks à Prudhoe Bay où un gros complexe industriel pétrolier est installé pour le forage. Certains de ces routiers ne ralentissent pas, c’est leur terrain de jeu et ils se moquent du reste. Heureusement, la majorité sont des gens courtois et restent nos alliés sur la route !
Ça commence à grimper sec mais finalement ça passe plutôt bien après les 3 jours de montagnes russes qui viennent de passer.
Les montagnes de l’Arctique en l’Alaska
Nous arrivons vers la chaîne des Brooks Range. Si les conditions météo ont été pourries les premiers jours, nous apprécions ce nouveau paysage avec un vent de dos pour nous faciliter la tâche, enfin !
« Madame Panneau » comme nous l’avons surnommée est employée pour la saison pour superviser le trafic sur cette route encore en amélioration. Pendant 5 mois 10h/j et 7j/7 son équipe travaille sur cette route qui sert principalement aux routiers. Fin Septembre, quand le premier grand froid arrivera, il sera impossible de travailler la terre et ils attendront le prochaine belle saison pour continuer.
L’épilobe en épi ou la « fireweed » est la fleur symbolique du grand nord. Elle porte ce nom car elle pousse très facilement aux endroits où il y a eu des feux de forêts. Nous voyons parfois des champs entiers de couleurs violette sur les montagnes, un paysage unique de cette région.
Mission réussie ! Nous voilà arrivés au cercle Arctique. 17 mois plus tôt nous étions sur notre expédition en Antarctique et nous avons parcouru depuis 25000km à vélo, 700km en radeau et navigué plus de 50 jours à la voile ! Pour relever le défi complètement et aller jusqu’à la mer Arctique, il nous reste encore 3 jours a rouler vers le Nord !
Nous roulons presque chaque jour sous la pluie. La boue colle aux pneus et le sol glisse dans les descentes. Les freins n’ont plus vraiment efficacité mais pas question de perdre trop d’élan dans les descentes. N’ayant pas trop de vêtements, chaque matin il faut remettre les habits de la veille car il suffit de quelques secondes pour nous salir.
Bertrand est reparti en France et nous revoilà tous les trois à l’assault de la Dalton Highway pour rejoindre l’Arctique. De Fairbanks à Prudhoe Bay (Deadhorse), sur la mer de Beaufort dans l’Océan Arctique, il y a 800km de cette route difficile que nous tentons de faire en 6 jours !
La ville de Fairbanks est composée de presque un quart de militaires. Philip, rencontré grâce à une amie de Seattle (à tagger) est un militaire ayant servi en Afghanistan. Il est maintenant installé à Fairbanks et nous accueille chaleureusement chez lui. Merci Philip !
Nous roulons avec au loin le parc de Denali et le mont McKinley qui culmine à 6194m, soit la plus haute montagne d’Amérique du Nord.
Le lendemain matin nous nous levons à midi après avoir espéré un arrêt de la pluie…que nous n’avons pas eu ! Nous faisons sécher les tentes et duvets tant bien que mal trempés de la dernière nuit et partons finalement sous la pluie…
Bertrand plante rapidement les sardines de la tente car la pluie arrive au loin. Il est pas loin de minuit et nous allons nous coucher, avec un décor qui s’illumine.
La pluie arrive et le soleil rasant de minuit illumine les nuages et le haut des sapins autour de note camp. Des couleurs incroyables dans le silence du wild de l’Alaska, nous sommes au paradis cette soirée là de nouveau !
Brian à la douche avec vue sur la chaîne de montagne d’Alaska. Se laver dans une rivière bien froide n’est pas forcément déplaisant dans un décor pareil.
L’Alaska telle qu’on se l’imagine. Y être, c’est un grand sentiment de satisfaction et la nature y est magnifique et grandiose. Notre dernière étape des Amériques ne manque pas de charme.
Morgan, Brian, Bertrand et Siphay sur la Top of the World Highway !
Nous croisons souvent des pans de forêts entiers brûlés. L’été est sec ici et, lorsqu’il ne pleut pas, les feus de forêt sont fréquents. Parfois, des centaines de milliers de kilomètres carrés partent en fumée et ces feux sont de plus en plus fréquents dans la région. Certains chercheurs affirment que la forêt d’Alaska rejette plus de carbone qu’elle n’en absorbe.
Nous ne sommes pas mécontents d’être montés si haut sur le globe. A une latitude comparable avec celle de l’Island les paysage magnifiques s’enchaînent.
Betrand filtre de l’eau pour l’équipe. La couleur de l’eau jaune à orange s’explique parfois par le fait qu’elle est chargée en limon.
Les arbres se font de plus en plus petit sur notre route vers le nord mais nous faisons quand même l’effort de percher notre nourriture à l’abri des ours. C’est parfois un peu technique, surtout après une grosse journée de vélo !
Avec le prix de l’or qui augmente, de plus en plus de gens viennent tenter leur chance dans le coin, et pas seulement des particuliers : des entreprises en font leur business.
Les « creeks », ces petites rivières longeant la piste, sont nos sources d’eau. Elles sont aussi un lieu fréquenté par les chercheurs d’or, relativement nombreux dans la région.
Avant même d’arriver en Alaska, nous apercevons son paysage vallonné depuis la frontière. Un spectacle exceptionnel.
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