Torres del Paine : Des éclopés en randonnée balisée
C’est à Puerto Natales que nous préparons nos quelques jours de randonnée dans le parc Torres del Paine. Suite aux ennuis que nous avons connu entre Ushuaïa et ici nous constatons que la roue tourne… voici en quelques mots ce qui nous est arrivé en 5 jours
Laisser les vélos en lieu sûr : une question de feeling
06.03.2011
Le parc se visite à pied, par conséquent nous recherchons activement où laisser nos vélos pendant cette période de trek. Après avoir passé 2h à demander partout, des restaurants aux magasins de souvenirs en passant par la police, nous rencontrons Anita, une femme d’une quarantaine d’année, qui nous propose de laisser nos montures à l’intérieur de son appartement. Validé !!! Nous partirons sereins.
Faire du stop de nuit
06.03.2011
C’est à 20h30 que nous sommes enfin prêts pour le départ vers le parc situé 180km au nord-ouest de la ville. Nous marchons une dizaine de km de manière à nous écarter du centre et ainsi augmenter nos chances. C’est à 22h30 que nous montons à bord d’un vieux pick up dépassant avec peine les 70km/h sur le plat… Vers minuit Gustavo nous dépose à 50km du parc, au milieu de nulle part, et nous offre généreusement plusieurs morceaux de pains qui compléteront bien nos soupes et boites de thon. Dans ce noir total où la voie lactée fait office de projecteur naturel nous marchons une dizaine de km supplémentaires en espérant qu’une voiture passera par là. Mais non, rien à l’horizon. Nous dormons donc sur place.
Le lendemain matin nous montons à bord d’une camionnette et faisons la connaissance de très sympathiques israéliens dont le généreux Zehavy Goldman. Son prénom signifie en hébreu « mon or » et il l’assume très bien. A notre arrivée au parc il nous offre un demi litre de bière chacun et ainsi nous entamons notre première journée de marche…
Payer pour planter sa tente dans la nature : Pas compris, pouvez répéter ?
Au fil des rencontres nous apprenons qu’il est interdit de camper en dehors des zones réservées à cet effet et que ces dernières sont pour la plus part payantes.
Nous sommes déçus et considérons qu’ayant déjà payé 20€ l’entrée du parc nous ne débourserons pas 1€ de plus pour dormir !!!
Camper en dehors des zones aménagées est largement faisable mais nous ne voulons pas trop transgresser les règles qui sont de plus dans l’intérêt de la préservation de cette superbe nature. Ainsi nous optons pour notre technique classique : laisser les choses se faire par elle même, provoquer la chance en restant optimiste et en allant vers les autres !!!
Alors que tous les randonneurs sont partis se coucher, nous restons avec les membres du staff qui s’affèrent à ranger la salle à manger, rustique mais extrêmement agréable en ces fraîches soirées d’automne. Nous faisons connaissance.
Puis vient le moment où leur responsable nous demande si nous avons payé notre emplacement. Nous lui répondons que notre tente n’est toujours pas installée et que nous cherchons où dormir gratuitement en accord avec notre principe de ne jamais débourser 1€ pour passer la nuit.
Il nous offre un emplacement et nous explique que nous devons quitter le camp avant 8h du matin pour être tranquille. Nous le remercions et suivons ses conseils avisés.
C’est ainsi que nous faisons chaque soir et cela fonctionne à merveille.
Belles rencontres
Même en hors saison le parc réunit un grand nombre de touristes venus d’Europe ou des Etats-Unis. Au départ nous sommes pas très enchantés par l’idée de marcher sur des chemins balisés et de croiser des occidentaux équipés des chaussures et sac à dos deniers cris.
Nous revenons vite sur nos à priori et faisons de superbes rencontres. Thomas et Laura de Grenoble nous font partager leur expérience du voyage en tandem, Sarah et Heike nous invite à les revoir respectivement à Melbourne et à Temuco et l’équipe de Guillaume, Lola, Julie, Joël et Mélanie nous donnent généreusement des recharges de gaz, du jambon, du lait en poudre… Nous n’en revenons pas de la gentillesse des gens !!!
Partageons
Un soir en discutant avec Guillaume et son équipe nous constatons qu’il est frustré de ne pas pouvoir aller marcher jusqu’au glacier Grey. Ses amis ne sont pas motivés par cette marche rallongeant leur parcours de plusieurs km de montée.
Sans hésiter et n’ayant pas de programme préétabli nous lui proposons de l’accompagner. Ainsi il pourra voir ce superbe glacier et ce sera pour nous l’occasion de partager 2 jours de marche avec lui le temps de rattraper ses amis.
– Votre proposition me tente bien. J’ai besoin de quoi si je viens avec vous ?
– Ton duvet et ta bonne humeur !!!
– Ok !!! Demain 8h on y va !!!
Boiteux et plus vraiment habitués à la marche en montagne nous sommes motivés par ce nouvel objectif que nous avons en commun avec notre nouveau compagnon !!!
Le retour en stop se termine dans le bus
10.03.2011
Alors que nous nous préparons à partir faire notre session de stop, rituel devenu classique pour nous, nos amis français nous disent :
– Pourquoi vous ne tentez pas de demander au chauffeur du bus de vous emmener gratos ?
– C’est vrai que nous pouvons tenter le coup mais je doute que cela fonctionne. Pourquoi nous ferait il cette faveur ?
Siphay, toujours en espagnol, s’en va discuter avec le chauffeur. 15min plus tard nous sommes dans le bus en direction de Puerto Natales et nous ne déboursons pas un centime.
Quand tout va, tout va !
10.03.2011
Après 4 jours de trek et une centaine de km parcourus d’un pas irrégulier (Nous sommes tous les deux boiteux, après Morgan c’est Siphay qui a mal au genou) nous retrouvons Anita et Mara qui nous ont gardé nos vélos.
Elles nous donnent rendez-vous le soir sur leur lieu de travail, un hôtel restaurant haut de gamme. Vers 20h nous arrivons avec en tête d’éventuellement partager un verre puis de s’en aller… finalement elles nous offrent à boire et à manger et nous invitent à revenir le lendemain pour le petit déjeuner, le déjeuner… Nous n’oublierons jamais ces succulentes pizzas accompagnées d’un Pisco Sour (boisson chilienne)
Provoquer la chance en allant vers les gens
10.03.2011
Vers minuit nous quittons ce superbe restaurant et partons à la recherche d’un endroit où dormir…
– Tu crois qu’on sort de la ville pour planter la tente ? Ou alors on va au centre ville et on voit ce qui va nous arriver ?
– Allons plutôt en ville, provoquons la chance…
Nous marchons sous une légère pluie et apercevons derrière la vitre d’un bar nos amis rencontrés au parc. Nous nous joignons à eux, passons une super soirée et finissons par dormir dans leur auberge en laissant les vélos dans la cour.
Une fois de plus nous expérimentons les délicieuses conséquences lorsque nous suivons notre instinct, nous nous laissons porter par les rencontres et acceptons de partir vers l’inconnu, de marcher sur des chemins non balisés…