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Colombie : les FARC mettent les voiles | Solidream - Rêves, Défis et Partage - Récits, films documentaires d'aventure
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Au sommet, nous contemplons d'en haut la route de descente sinueuse qui nous attend au loin dans ce paysage andin.

Colombie : les FARC mettent les voiles

Colombie : le bien-être retrouvé

Les militaires colombiens
Les militaires colombiens

Bien que ceci ne soit pas recommandé nous passons la frontière avec le Venezuela de nuit le 25 Octobre 2011, par la ville de San Antonio del Tachira. Rapidement, nos recherches pour dormir nous font rencontrer la police locale qui s’étonne de nous voir ici en pleine nuit. « Savez-vous que vous êtes en zone très risquée ? Connaissez-vous les FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie) ? Un de leur camp est 2km par là tandis que les forces spéciales elles sont installées 1km dans l’autre sens. Vous ne pouvez pas rester là, je vais appeler mes collègues. » Après cet avertissement ils nous escortent  vers un collège privé pour dormir en sécurité et à l’abri de la pluie.

Le premier jour à vélo en Colombie nous envoie dans les Andes pour quelques derniers cols ardus, à la rencontre d’une population accueillante, s’ensuit une recherche intensive de voilier pour traverser  la mer des caraïbes en direction du Panama…

Nos derniers cols, nos dernières descentes dans les Andes…

Après notre première nuit tout proche de la frontière nous attaquons deux journées complètes de pure ascension. Difficile pour les cuisses mais comme toujours nous sommes récompensés par des paysages extraordinaires : les efforts payent toujours !

Ce que nous ne pourrons jamais oublier de ces adieux à notre chère Cordillère des Andes seront les descentes folles que nous avons vécus. Peut être les plats colombiens sont assaisonnés avec la drogue qui fait mauvaise réputation au pays mais qui est aussi réputée pour donner des watts et se sentir « invincible ». En tout, dans les faits, nous descendons à des vitesses frôlant les 80km/h, doublons

des dizaines de véhicules, faisons la courses avec les plus joueurs… nous sentons parfois, dans les virages rapides, les cadres se déformer sous notre poids. Dans ces moments là nous n’avons pas besoin de nous parler, nous savons que nous recherchons tous les trois la même chose au même moment. Une bonne dose d’adrénaline et quelques sensations fortes. Brian, ce jour là a failli faire sa dernière descente : «Dans un virage, on se traînait derrière un camion. Siphay s’engage pour le doubler et me fait signe de passer, comme pour dire ‘Ca passe, vas-y !’. La visibilité dans le virage ne me permettait pas de voir ce qui arrivait en face, donc je suis passé un peu à l’aveugle. Deux secondes plus tard, un camion arrive en face et me voilà entre deux mastodontes d’acier. Expérience ou bon réflexe, je passe de justesse devant le camion à ma droite, qui avait commencé à se rabattre. Ce jour là, j’ai failli y passer… Ce qui est excellent dans cette anecdote, c’est que j’ai engueulé Siphay pour sa faute mais je ne lui en ai jamais voulu au fond de moi, car cela fait partie de l’esprit d’équipe. Deux minutes plus tard nous continuions de plus belle dans cette dernière descente des Andes, en la savourant seulement pour nous-mêmes, tous ensembles, sans s’arrêter avant le pied de la montagne. »

Un pays avec mauvaise réputation non méritée

Les descentes...
Les descentes…

Avant d’arriver en Colombie, nous avions une image des médias du pays relativement négative, car tout ce qu’on nous dit à la télévision sur ce pays est lié de près ou de loin à la drogue. En fait, parmi les voyageurs que nous avons rencontré en Amérique du Sud, tous ou presque ont cité ce pays comme un des plus accueillants du continent.

Il est clair que la réputation de la Colombie ne vient pas de nulle part. Historiquement et encore aujourd’hui, c’est effectivement une région où le trafic de drogues est une activité illicite largement pratiquée. C’est d’ailleurs ce qui crée le conflit entre forces armées du gouvernement et les FARC.

Mais, en tant que touriste sans revendication politique qui suit son chemin sans traîner dans les zones à risques, on ne rencontre que les sympathiques habitants de magnifiques contrées, qui déplorent la mauvaise réputation de leur pays à l’étranger. Les soi-disant risques paraissent inexistants, et c’est bien la sensation que nous avons eu en sortant d’un pays, lui, risqué, qu’est le Venezuela (voir l’article sur le Venez) . Le pays nous a paru d’autant plus accueillant que la gente féminine a tenu sa réputation : certains voyageurs n’hésitent pas à dire que l’on trouve les plus belles femmes du monde en Colombie. Malheureusement, nous n’avons passé qu’une dizaine de jours dans ce magnifique pays. Siphay explique : « Il m’arrive parfois de ressentir de légères frustrations. Passer moins d’une semaine dans ce pays mondialement réputé pour son accueil provoque quelques regrets, surtout durant ce type d’étape où notre priorité est d’avancer au plus vite sans trop laisser place à la découverte. Mais je m’oblige à regarder au loin, penser à la suite, tout ce qui nous attend, les nouveaux horizons, tant de choses à apprendre et les proches sur le parcours. A toutes les personnes qui nous demandent si nous avons vu tel ou tel lieu incontournable sur notre trajet et que nous sommes obligé de répondre que nous n’avions pas le temps, j’aimerais préciser qu’il est bien plus intéressant pour moi de rencontrer les habitants d’une ville pendant plusieurs jours afin de savoir qu’elle est leur véritable mentalité, plutôt que d’emmagasiner un maximum de paysages et de kilomètres. Une vie entière ne serait pas suffisante pour connaître la Terre dans ses moindres recoins. »

Une unique petite porte vers l’Amérique Centrale

Comment traverser de la Colombie au Panama ?

Vous vous doutez bien que s’il était envisageable de le faire à vélo nous l’aurions tenté. Mais en réalité le territoire qui sépare le Panama de la Colombie, le Darién, est un territoire entièrement contrôlé par les narcotrafiquants. Aucune route n’existe.  Seule la jungle, quelques pistes et des hommes armés qui vivent sous leurs propres lois, lorsqu’il y en a…

A noter que le Panama, autrefois, faisait partie de la Colombie. Mais en 1903 un groupe d’indépendantistes discrètement soutenus par les États-Unis déclara l’indépendance du Panama. Par cette stratégie les États-Unis aurait plus facilement main mise sur le canal de Panama, qui fut d’ailleurs leur propriété jusqu’en 2000. Le Darien est le territoire qui sépare les deux pays et qui reste une zone stratégique, le lien terreste entre l’Amérique du Nord et du Sud.

Sans parler de l’option consistant à prendre un avion nous connaissons deux manières « classiques » de faire cette traverser : partir de la ville de Turbo et prendre successivement plusieurs petites embarcations longeant les côtes (environ 120€/pers). Ou monter à bord d’un voilier « charter » au départ de Cartagena. Ces bateaux, faciles à trouver en se rendant directement au port de plaisance de la ville, emmènent les touristes, en passant par les magnifiques îles San Blas, à un prix fixé à 450€/pers.

Comment sommes-nous passés ?

Du vélo à la voile
Du vélo à la voile

Nous cherchons, une  nouvelle fois, à provoquer la chance et trouver une opportunité pour faire cette traverser autrement que par les voies classiques. Dès que nous atteignons la côte colombienne nous partons à la recherche de la bonne rencontre… Nous passons une première nuit autour du port de plaisance de Santa Marta et comprenons vite que ce n’est pas ici que nous trouverons notre bonheur. Les gens nous disent « Tous les voiliers qui partent pour Panama s’en vont de Cartagena, vous aurez du mal à trouver ici »

Sans perdre de temps nous partons 350km à l’Ouest, en direction de la ville de Cartagena. Cette superbe cité classée au patrimoine de l’UNESCO et au passé colonial important nous accueille le soir de la fête d’Halloween. Nous en profitons donc pour faire un premier repérage lors de la soirée organisée pour les plaisanciers et finissons la nuit devant un supermarché avec une première option en poche. Une suédois accepte de nous faire traverser sur son voilier pour 250€/pers.

Nous passons la journée suivante devant le port à discuter avec un maximum de personnes. En milieu d’après-midi, Alain, un retraité français, s’intéresse à notre équipe. Il essaie de nous mettre en contact avec d’autres capitaines susceptibles de pouvoir nous emmener mais aucun ne propose mieux que 250€/pers.

Lorsqu’Alain découvre que nous dormons dehors il ne peut s’empêcher d’appeler sa femme pour lui demander s’il y a de la place pour nous chez eux. Et c’est ainsi que nous passons la soirée avec sa petite famille franco-colombienne et que nous découvrons mieux cet homme attachant et sa femme Carmen. Au cours du repas, Carmen dit à Alain, « Pourquoi tu ne les emmène pas ces jeunes avec ton bateau ? » et Alain lui répond l’air surpris « Oui, c’est vrai, pourquoi pas ? ».

A partir de là nous fixons le départ au 5 novembre, Siphay s’occupe de nettoyer la coque du bateau, Alain et Brian prépare les voiles tandis que Morgan s’occupe de planifier la route à travers le Panama. Après cette traversée nous aurons seulement 6 jours pour faire les 1200km nous séparant de Tamarindo au Costa Rica où famille et amis nous retrouvent pour 15 jours de vacances…

La veille du départ Morgan discute avec sa sœur sur Skype, Virginie, avec qui il a voyagé 7 ans à bord du voilier Tikaï.  « Lorsque je lui ai appris que nous partions en voilier et que nous allions nous arrêter dans les îles San Blas et revoir les indiens Kunas, plus de 20 ans après notre voyage en famille dans ce coin du monde, elle avait les larmes aux yeux et la voix tremblante. Cette étape sera pour moi l’occasion de revivre dans les photos de mon enfance. »

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