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Solidream vs No Man's Land | Solidream - Rêves, Défis et Partage - Récits, films documentaires d'aventure
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La zone située entre les frontières marocaine et mauritanienne, dans le sud du Sahara Occidental, est un no man's land : aucun des deux pays ne revendique ce terrain, qui mesure environ 5km de large.

Solidream vs No Man’s Land

Nous ne sommes pas prêts d’oublier notre passage de la frontière Maroc/Mauritanie. 5 jours où nos nerfs ont été mis à l’épreuve et où notre bonne humeur et notre optimisme ajoutés à l’aide inestimable d’Eiffage Sénégal, notre ange gardien, ont finalement eu raison des policiers mauritaniens.

Présentation du contexte

No Man's Land

Un terrain vague de 4km de large sépare les deux pays. Ce No Man’s Land, sans bitume ni loi, résulte des conflits entre les deux pays au sujet du Sahara Occidental, il n’appartient à personne, il reste des mines par ci par là, on y trouve des  centaines de carcasses de voitures dépouillées ainsi que des truands et autres sans papiers faisant du « business »… De nombreuses personnes nous ont conseillé de ne pas tenter la traverser à vélo et de monter dans un camion pour rejoindre le poste frontière mauritanien. Nous choisissons cependant de pédaler.

La visa mauritanien

Depuis plusieurs années nous connaissons des voyageurs de tout genre arrivant à la frontière mauritanienne sans visa et obtenant ce dernier sur place auprès du chef de poste. Nous choisissons donc cette option et parcourons les 2400km séparant Casablanca et la Mauritanie sereins.

Il s’avère que les tensions politiques entre la France et la Mauritanie ont changé la donne… depuis février 2010 il est IMPOSSIBLE d’obtenir le visa à la frontière… en plein désert nous croisons des voitures qui remontent les 2200km vers Rabat pour faire tamponner leur passeport. Nous doutons de plus en plus mais ne pouvons pas rebrousser chemin… un brin d’espoir nous pousse à tenter notre chance tout en espérant que nos vélos amadouent un peu les virulents policiers et gendarmes mauritaniens.

15/10/10 : Jour 1, premier choc frontal

A 12h nous passons les formalités marocaines : tampons de sortie du territoire, contrôles des passeports…

Soleil et sable

1ère traversée du No Man’s Land ! 25min pour parcourir les 4km de ce mélange de cailloux et de sable fin.

Moins de 10min pour se faire renvoyer « à la maison » par le chef de la police. « Pas de visa, vous dégagez !!! Allez dégagez !!! » Il nous montre du doigt le chemin retour et ne nous dit pas un mot de plus. Impossible pour nous de négocier quoique ce soit…

2ième traversée du No Man’s Land ! Nous repartons au Maroc dépités. Sur les 4km de piste escarpée nous ne parlons pas. Puis nous repassons la frontière marocaine et remplissons les formalités…

Nous gardons le moral et commençons à chercher des solutions pour passer d’une manière ou d’une autre.

Retenter notre chance demain : non, car il semble que le chef de la police n’ait pas le pouvoir de délivrer de visas à la frontière. Donc nous ne pouvons rien espérer de ce côté là.

Repartir à Rabat pour faire tamponner nos passeports : pour les gendarmes et policiers, c’est l’unique possibilité envisageable. C’est ainsi que font tous les touristes refoulés à la frontière… mais nous ne pouvons pas faire ça. Remonter à Rabat nous coûterait trop cher et nous ferait de plus perdre un temps précieux que notre planning serré ne pourrait tolérer.

Passer clandestinement en contournant le poste frontière : dans une telle situation nos idées commencent à dépasser le raisonnable. Cette solution est trop risquée. Même en roulant la nuit nous ne pouvons pas échapper à la police sur les 600km de route mauritanienne. Il n’y a qu’une seule route parsemée de dizaine de postes de contrôle.

Demander l’aide d’Eiffage Sénégal à travers Paul, un ancien collègue de travail installé à Nouakchott : nous décidons de tenter notre chance auprès d’eux.

Nous n’arrivons pas à les joindre par téléphone et devons faire appel à Antoine Fattore et Jean-Michel Dupuy, des amis et anciens collègues de travail de Morgan, pour rentrer en contact avec notre ange gardien du moment.

Paul nous rappelle :
« Ok les gars, je m’occupe de vous. Je vous rappelle plus tard et vous donne les instructions« 

1h plus tard
« Je vous envoie un chauffeur qui viendra récupérer vos photocopies de passeport. Pour cela vous devez retourner du côté mauritanien car il ne pourra pas traverser le No Man’s Land. Il sera sur place demain en début d’après midi« 

Nous sommes ravis et impressionnés par la disponibilité et l’efficacité de Paul.

Ce soir là nous installons notre camp juste à côté des cases militaires marocaines et reprenons des forces avec du pain et des sardines. Nous devons économiser notre argent car nous ne savons pas combien de temps nous allons rester bloqués là et la première banque est à 350km au nord…

16/10/10 : Jour 2, l’appel à Nouakchott

Poste frontière mauritanien

A 12h nous recommençons : formalités marocaines et 3ième traversée du No Man’s Land !!!

L’accueil des militaires mauritaniens n’est pas des plus agréables. Ils nous interdisent de nous protéger à l’ombre de leurs bâtiments… nous devons attendre le chauffeur dans le No Man’s Land, et la température en plein soleil avoisine les 45°. Ce dernier arrive vers 16h, nous lui transmettons les documents et repartons pour une 4ième traversée du No Man’s Land !!!

Nous repassons une nuit sur le territoire marocain et commençons à nous faire des amis dans les forces marocaines. Ils nous offrent des bouteilles d’eau chaque jour car il n’y a pas d’eau courante sur place.

17/10/10 : Jour 3, l’attente

Côté marocain

Paul se démène pour nous obtenir une autorisation spéciale auprès du ministère des affaires étrangères mauritanien. De notre côté nous attendons ses instructions.

Ce soir là nous sommes fatigués de rester là sans bouger. Nous n’avons même pas la motivation de monter notre camp et dormons à côté de nos vélos en espérant que le lendemain nous quitterons cet endroit définitivement.

18/10/10 : Jour 4, le ministère des affaires étrangères mauritanien

Ce matin là nous sommes inquiets de ne pas avoir de nouvelles. Nous passons notre temps à discuter avec les personnes de passage et continuons nos repas peu variés : sardines, thon, pain, biscuits secs…

12h, Paul :

Autorisation d’entrée

«  Salut les gars ! C’est bon nous avons le papier officiel signé par le secrétaire général du ministère des affaires étrangères mauritanien stipulant que vous êtes autorisés à entrer en Mauritanie pour une durée de 72h. Le chauffeur part tout de suite vous rejoindre, il lui faut environ 4h30. »

La nouvelle nous réjouit et nous entamons de nouveau les formalités de sortie du territoire marocain. Les policiers et gendarmes nous souhaitent bonne chance, une fois de plus…

5ième traversée du No Man’s Land !!! Cette fois là nous évitons la chaleur écrasante du désert saharien et jouissons d’un déluge mémorable. La boue et les énormes flaques d’eau tentent de nous freiner. Mais il en faudra plus pour nous arrêter.

Le déluge dans le Sahara

Nous sommes accueillis par des mauritaniens aux airs étonnés. Notre ténacité commence à payer, les militaires acceptent de nous laisser nous abriter sous leur toit en attendant le chauffeur et le fameux papier officiel.

18h15 : Le papier est entre nos mains et nous passons le contrôle des gendarmes sans aucun problème. La tension retombe et nous commençons à voir la fin de ce feuilleton.

Le chef de la police nous annonce que ce papier est uniquement valable pour des personnes arrivant en avion. Étant venus en vélo, on doit dégager !!!

Un nouveau problème se greffe à ce scénario improbable. Depuis 18h la frontière marocaine est fermée donc nous ne pouvons pas repartir en terrain sûr. Passer la nuit dans le No Man’s Land est aussi à éviter
Nous négocions avec un des policiers et obtenons l’autorisation de dormir à côté de leur bâtiment…

19/10/10 : Jour 5, la direction de la police de Nouadhibou

8h : Nous sommes renvoyés dans le No Man’s Land et refusons de repartir au Maroc. Nous attendrons sous le soleil, dans ce terrain vague, que la situation se débloque !!!!

Paul est informé de la situation et il continue d’aller frapper aux portes des différents autorités du pays pour débloquer la situation. Il sait que notre papier est tout à fait valable et s’efforce d’en convaincre la direction nationale de la police.

Nous sympathisons finalement avec les militaires mauritaniens qui nous prêtent leurs téléphones et autorisent l’un d’entre nous à aller chercher de l’eau au puits et à acheter à manger de l’autre côté de la frontière…

17h, Paul :
« Nous devons joindre le directeur de la police à Nouadhibou mais il est introuvable. Le gouvernement a mobilisé les gendarmes de la ville pour le retrouver !!! Je vous tiens au courant dès que ça avance »

Il est 18h et nous sommes bloqués dans le territoire peu sûr qu’est le No Man’s Land. Impossible de retourner au Maroc car leur frontière ferme à 18h et impossible de passer derrière les murs mauritaniens

Chacun d’entre nous vit ce passage difficile nerveusement à sa manière. Siphay reste assis et tente une sieste, Bertrand se réconforte en mangeant des biscuits secs et Morgan marche dans ce terrain inhospitalier…

19h : Libération !!! Les policiers ont reçu ordre de nous laisser passer !!!

Nous chargeons le pick up que Paul nous a affecté, récupérons nos passeports tamponnés et filons vers le Sénégal. Les 72h d’autorisation se sont transformées en 24h car celles-ci dépendent  de la date de rédaction du fameux courrier… Nous roulons toute la nuit à travers la Mauritanie et arrivons le matin à Rosso. A 12h nous posons nos roues au pays de la teranga (hospitalité). Enfin nous retrouvons notre liberté qui nous est chère !!!

Nous tenons à adresser un immense merci à Paul et à Eiffage Sénégal pour leur aide si précieuse !

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