Nouveau défi : traverser l’Amazonie à vélo
Louise Sutherland, une bonne soeur originaire de Nouvelle Zélande, fut une des premières femmes à voyager autour du monde à vélo. En 1982, elle décide de parcourir la route transamazonienne à vélo, inaugurée 10 ans auparavant à travers le continent sud-américain pour connecter les extrémités atlantique et pacifique de l’Amazonie, du Brésil au Pérou. Elle fut la première personne connue à parcourir cette route à vélo. Depuis, peu de personnes l’ont parcourue. Parmi les rares qui l’ont fait, un allemand à la fin des années 90 et, plus récemment, Douglas Gunzelmann un américain de Boston et Frédéric Mary, un français tous deux en 2009. Au total, ce seraient seulement une dizaine de personnes connues qui auraient tenté l’aventure de la « TransAm » à vélo.
Nous avons décidé d’emprunter à notre tour une portion de la transamazonienne pour continuer notre route vers le nord. Explications sur ce nouveau défi.
L’itinéraire
Nous partons de La Paz en Bolivie fin juillet et nous empruntons la fameuse « route de la mort« , dite la plus dangereuse du monde du fait des ravins de centaines de mètres qui la bordent.
Notre objectif est ensuite de rejoindre le Brésil par le nord de la Bolivie en parcourant environ 1000 km depuis La Paz jusqu’à Guayaramarin, ville frontalière du Brésil. Sur cette portion, nous n’avons que très peu d’informations, si ce n’est que la route n’est pas goudronnée. La suite du périple se situe dans la partie brésilienne de l’Amazonie, parcourant 1500km de jungle jusqu’à Santarém, en passant par Porto Velho. Si le début de cette route est, de nos informations, peuplée de nombreux camions qui nous sèmeront la route de poussière, la suite passe par le parc national Amazonas, autant dire dans la jungle pure et dure, avec toute la faune et la flore qui vont avec…
Nous remonterons ensuite l’Amazonie en bateau jusqu’à Manaus, ville au beau milieu de l’Amazonie, pour nous diriger vers le Vénézuéla sur de nouveau 1000 km jusqu’à la frontière. Au total, ce seront donc plus de 3500 km à parcourir dans l’Amazonie jusqu’à la fin du mois de septembre prochain.
Manqueront ensuite 1500km pour rejoindre l’Amérique centrale jusqu’à Cartagena, en Colombie où nous devrions arriver vers le mois de Novembre.
Les difficultés
Après des mois passés dans des contrées froides ou des déserts secs nous voici en train de préparer notre séjour en milieu chaud et humide. Comme pour chacune de nos étapes, nous nous renseignons sur les précautions à prendre, les difficultés qui nous attendent ainsi que sur le matériel nécessaire pour ce nouveau type d’environnement.
D’après Sylvie Michault, française vivant en Amazonie depuis de nombreuses années, « Les trois contraintes incontournables sont le poids, l’humidité et le palu. »
– Poids : Nous décortiquons l’ensemble du matériel et renvoyons en France tout équipement qui n’est pas indispensable à notre autonomie et notre survie. ( Nous gardons qu’une tente sur les 2 au cas où les hamacs ne peuvent pas servir dans certains endroits, ainsi qu’une polaire en cas de coup de froid provoqué par la fièvre)
– Humidité : Outre le difficulté psychologique que d’évoluer dans un milieu extrêmement humide nous devons essentiellement protéger nos pieds. En effet, dans un tel environnement, ils souffrent d’être enfermés dans des chaussures et nous devons penser à les aérer le plus régulièrement possible.
Les dangers
Parmi les dangers qui nous guettent, il y a tous les animaux présents dans la jungle amazonienne : insectes peu commodes, serpents parfois venimeux ou autres « gros chats » comme les pumas et jaguars qu’il est possible de croiser dans les coins reculés. Ceci dit, le fait d’être sur la route nous évite bon nombre de ces ennuis qu’il est beaucoup plus probable de rencontrer dans la jungle pure que nous fréquenterons seulement que sur quelques jours.
Les principaux ennemis seront bien le paludisme ainsi que la dengue, tous deux transmis par les moustiques. Pour information, les moustiques vecteurs du paludisme sont actifs la nuit (moustiques nocturnes) alors que ceux qui transmettent la dengue le sont le jours (moustiques diurnes).
Une des premières causes de mortalité dans le monde, le paludisme (ou malaria) est transmis par la piqûre d’une femelle moustique du genre Anopheles. Il n’existe aucun vaccin contre cette maladie. Nous avons le choix entre un traitement préventif (effets secondaires) qui diminue le risque d’infection en cas de pénétration du parasite dans l’organisme et un traitement curatif que nous devons suivre pendant 3 jours en cas de crise de paludisme. Il n’y a pas de solution infaillible et chacun choisit l’option qui lui convient. Nous avons choisi tous les 3 la solution curative, car un traitement préventif n’est pas indiqué pour un long séjour (plusieurs mois). Sans oublier que la meilleure lutte face à cette maladie est la protection contre les moustiques (surtout le matin et le soir, habits manches longues, moustiquaires, répulsifs…)
Douglas Gunzelmann, un des rares voyageurs à vélo connaissant la transamazonienne, nous avertit des difficultés liées à notre moyen de locomotion et notre itinéraire : « Après la ville du nom de « km-180 » vous rentrez dans le Parque Nacional Amazonia et ne trouverez plus aucun village pendant environ 5 jours… vous serez dans la JUNGLE. C’est là que je me suis retrouvé face à un jaguar », « Les jours de pluie, la boue vous colle à la route et vous ne pourrez pas faire plus de quelques km par jour », « Les fourmis sont sans aucun doute les insectes les plus ennuyeux dans la jungle »
L’équipement spécifique
Nous troquons nos tenues chaudes contre du matériel adapté à l’humidité, la chaleur, les insectes… à noter que la tente est à banir dans la majorité des cas. En effet, les fourmis et le sol détrempé en cas de pluie ne font pas bon ménage avec cette option.
– Le hamac moustiquaire : En nylon il est léger et solide. La moustiquaire nous protège évidemment des moustiques, du froid relatif des nuits en jungle et de l’humidité.
– Produits d’imprégnation anti-moustiques : Avant de nous lancer dans cette nouvelle aventure nous devons imprégner nos hamacs, tente ainsi que l’intégralité de nos habits en prévention des moustiques affamés 🙂
– Bâche : Indispensable, elle sera tendue au dessus de nos trois hamacs et nous protègera de la pluie.
Todo bem !
Malgré l’hostilité apparente de ce qui nous attend pour les prochains milliers de kilomètres à parcourir, nous sommes tout excités à l’idée de découvrir cet itinéraire peu parcouru par les cycliste voyageurs autour du monde. Parcourir la jungle à vélo est certes peu commun, mais une fois de plus nous avons hâte de vous faire découvrir cette nouvelle part du voyage Solidream.
Nous vous souhaitons une bonne période estivale, et si vous partez en vacances faites-nous rêver à votre tour !