Bienvenus à Urumqi, dans la région sèche et aride de la Chine où les musulmans nous régalent d’agneau grillé, pains en galette et thés chauds.
Le père et son fils forment un beau duo. Le « nan » coûte 2 Yuan (0,25€), il faut donc en produire une grande quantité pour en vivre.
Les clients défilent non stop tandis que nous admirons la dextérité de ces boulangers de rue. Le plus jeune, une fois la galette prête à cuire, la jette comme un frisbee sur la table de son père qui s'occupe ensuite de la cuisson.
La pollution et la poussière s'entremêlent dans les grandes avenues de la ville où les petits restaurateurs préparent des brochettes en plein air.
Si la plupart des locaux ne semble pas prêter attention à cet air pollué il y en a quand même qui portent constamment un masque sur le visage pour épargner leurs poumons.
Puisqu’il faut patienter pendant le processus des visas kazakhs, nous entamons les visites touristiques, chose que nous faisons que très rarement depuis ces 2 ans et 8 mois. Voici le Marché Erdaoqiao, où l’on peut y trouver toute sorte de vêtements et d’artisanats Ouïgours.
Urumqi n’est pas une ville très fréquentée par le tourisme international. À notre venue, des vendeurs encouragent le jeune prodige à montrer ses talents. Il se lance alors, après a avoir minutieusement choisi son instrument, pour 5 minutes de remarquable mélodie. Les sourires se dessinent sur les visages de toutes les personnes assistant au spectacle improvisé !
Dans le reste de la Chine nous étions très étonnés de voir des femmes travailler avec les hommes sur les chantiers : creuser à la pelle, porter des moellons et enfoncer des clous au marteau. Dans la province du Xinjiang ces habitudes se font plus rares et nous côtoyons surtout des hommes dans les travaux manuels d'extérieur.
Le climat est de type continental sec et les températures oscillent entre -30°C l'hiver et +40°C l'été. La région est aussi réputée pour ses vents soufflant entre force 8 et 12 plus de 100 jours par an. Pas facile pour la végétation de faire sa place dans ces conditions.
Ce petit a un pantalon bien écologique. Comme beaucoup de bébé en Chine, son pantalon est ouvert au niveau de l'entre jambe, ainsi il peut faire ses besoins sans avoir à utiliser de couches !
Il est un peu étrange de les voir faire ça en pleine ville au début, mais cela fait parti de la culture.
L'heure est à la sieste. Pendant les heures chaudes les maisons sont grande ouvertes et personne ne traine dans les rues.
Nous nous baladons dans ce petit village et sommes surpris de voir beaucoup de lits installés dans les ruelles. Les habitants que nous côtoyons nous expliqueront que c'est parce que l'été ils dorment dehors tellement la chaleur est étouffante. Logique !
Cet homme là est extrêmement curieux et il passe une bonne demi heure assis aux côtés de Siphay à poser questions après questions. Il dessine, mime, tente quelques mots d'anglais et étonnamment nous arrivons à bien communiquer.
Là nous faisons un cours de géographie et il nous dessine les drapeaux du monde qu'il connaît.
Les maisons en briques de terre pour assurer un minimum d'isolation thermique. Ce mur en l’occurrence ne fait pas plus d'un mètre cinquante et il l'ont complété avec un tissus aux motifs hypnotisants...
Comment voyager en Chine sans s'étonner de toutes ces personnes assises de cette manière. Ils peuvent rester des heures dans cette position tandis que nous souffrons des genoux et du dos après quelques minutes seulement.
Imaginez vous apercevoir une personne dans cette position à un arrêt de bus ou de métro en France !
Victoire ! Nous avons nos visas pour le Kazakhstan et pouvons enfin reprendre la route vers l'Ouest.
Morgan : "Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas eu autant de plaisir à reprendre la route. Contrairement à d'habitude où nous sommes toujours un peu triste de quitter les gens que nous avons rencontré, cette fois nous avons la sensation d'avoir retrouvé notre liberté."
Les travailleur des champs le long des routes sont nos compagnons durant nos longues journées de vélo. Dans la région, on cultive du blé, du maïs mais aussi des melons, du raisin, betteraves...
Brian prend la pause pour l'objectif alors que se profilent devant nous les montagnes de la chaîne des Monts Tian que nous allons traverser le lendemain.
Portrait d'un jeune enfant ouïghour.
Une des choses les plus saisissante lorsqu'on traverse la Chine c'est la construction, les grues, les pelleteuses et les bétonnières. Il y en a partout. Et il ne font pas dans la demi mesure. Ils construisent les immeubles 6 par 6, en parallèle, et à une vitesse phénoménale. Il semblerait bien que la Chine anticipe une exode rural extrêmement massif pour les mois ou années à venir...
Une petite pause à l'ombre.
Il est tout simplement agréable dans ces moments là de ne pas être exposé au soleil brulant, de ne pas avoir les fesses sur la selle et de pouvoir s'étirer tranquillement. Le paradis est parfois plus proche que ce que l'on croit !
Comme dans les pays que nous visitions précédemment en Asie du Sud-Est les enfants sont souvent contraints de se débrouiller par eux même ! Mais cela est tout naturel et ils s'en sortent à peu près bien. Oui la nourriture n'ira pas entièrement dans son estomac mais aussi sur le lit, et les conditions d'hygiènes ne sont pas vraiment respectées... Mais a-t-il l'air malheureux ? Pas vraiment.
Nouveau pour nous : nous retrouvons les femmes voilées du monde musulman que nous avions quitté au Sénégal en Octobre 2010 ! Nous prenons conscience que nous arrivons à la fin de notre périple en reconnectant avec une facette du monde arabe.
Portrait d'une famille ouïghoure.
Si les montagnes sont hautes, au nord se trouve un désert aride. Pour faire leurs cultures, les habitants comptent bien sur l'irrigation de la font des neiges qui commence juste à cette époque du printemps. Des techniques ancestrales très sophistiquées à base de conduits souterrains ont été mis en place pour drainer l'eau jusque dans les vallées désertiques pour pouvoir faire des cultures. Sans les montagnes, il n'y aurait personne ici.
Vivant seulement en Chine et en Mongolie, le chameau sauvage est en extinction dans le monde (son nombre est inférieur à celui des pandas géants). Il vit principalement dans la région du lac Luobupo du Xinjiang, et le nombre pourrait être moins de 500 têtes.
La route qui mène à la frontière ne nous laisse pas de marbre : premièrement, nous allons vers l’ouest. Ca peut paraître banal, mais nous sommes à un stade de notre voyage où nous pensons pas mal à la fin. Et jusque là notre direction globale en Asie était le nord. Nous avons le sentiment de rentrer à la maison. Dans 4 mois, nous reverrons nos familles et amis à notre point de départ, après 3 ans sur les routes. Nous essayons de profiter de l’instant présent, mais ça gamberge à l’intérieur, c’est clair : que va-t-on réellement trouver à notre retour ? Comment allons-nous appréhender ce que certains appellent la “vie normale” ? Que va devenir Solidream ?
Dans ce voyage nous avons fait nos lessives dans beaucoup d'endroits différents et exotiques. Cette fois ce sera le trottoir devant les restaurant que nous avons choisi pour le repas du soir.
Ce berger, intrigué par notre allure, s'est naturellement approché de nous. Il souhaite simplement savoir qui nous sommes ! La communication n'est pas facile avec les différences de langue, mais l'instant reste magique. Le contact avec ce vielle homme, au milieu de nulle part, ne nécessite pas forcément de dialogue. Les regards et les sourires suffisent parfois.
Après plus d'un mois en Chine nous ne comprenons toujours rien aux caractères chinois mais nous arrivons plus facilement à reconnaître les signes sur notre carte. C'est déjà ça :)
Et ici, les panneaux sont en deux langues : mandarin et arabe, car les gens parlent un dérivé du turc, l'ouïghour.
La Chine est un pays immense composé de cultures diverses et ici, dans la province du Xinjiang, nous sommes dans une région autonome au même titre que le Tibet. Si l’influence de Pékin est omniprésente avec la moitié de la population d’Urumqi d’origine han, l’ethnie historique de la Chine qui constitue 92 % de la population du pays, nous trouvons fascinant ce nouvel endroit : les panneaux sont à la fois en signes chinois et en caractères arabes (parfois même en russe) et les gens parlent l’ouïghour. Cette langue fait partie du groupe des langues turques, comme dans beaucoup de pays d’Asie centrale. Ici, le climat est sec, le désert de Taklamakan n’est pas loin et de hautes chaînes de montagnes encore assez inexplorées pour la majorité offre de splendides vues autour de la ville. Bref, notre nouveau terrain de jeu nous plaît et c’est bien là l’essentiel !
De même que les voiles sur les femmes, nous retrouvons ici le fez (ou tarbouche) sur la tête des locaux. Ici, après avoir dégusté un plat de pâtes fraîches locales, nous discutons avec Akrin, très sympathique, qui nous explique commment il vit ici.
Les 650 km jusqu’à la frontière kazakhe nous font grimper à plus de 2000m d’altitude où nous retrouvons un paysage assez proche de ce que nous pouvions voir sur les hauts plateaux de Bolivie. La région est aride et les vents sont froids, la terre se transforme en un sable fin allant du jaune au rouge-orangé et nous devons parfois parcourir plusieurs dizaines de kilomètres dans ce décor avant de trouver un bâtiment synonyme d’eau et de nourriture pour nos corps fatigués. L’ambiance est bonne dans l’équipe. Nous sommes heureux d’avoir retrouvé une certaine liberté et de pouvoir enfin rouler sans être des hors la loi comme nous l'avons été dans le Sichuan :
http://solidream.net/solidfilm-no30-asie-chine-objectif-4000m-dans-lancien-tibet/
Une pause bien méritée chez cet homme enjoué dans l'ascension pour traverser la chaîne de montagne des Monts Tian.
Ici, notre plat favori consiste en ça : des pâtes fraîches faites à la commande du client, avec une sauce légèrement relevé et accompagnées d'une viande et de petits légumes en dés. Rien de mieux pour repartir en pleine forme !
Siphay dit : "Enfin une bonne récompense ! L'endroit est fabuleux et nous l'avons bien mérité. À cours de vivre, j'ai faim, le soleil me crame, nous ne savons pas combien de kilomètres il nous reste avant de la nourriture et un coin d'ombre, mais je veux kiffer, profiter jusqu'aux derniers instants de notre voyage !"
Notre dernière journée en Chine est exceptionnelle. Nous grimpons jusqu’au Lac Sayram, situé à 2074m d’altitude, au coeurs des Monts Tian. Cette chaîne de montagnes est le cinquième relief du monde après l’Himalaya, les Andes, les Rocheuses et le Pamir situé un peu plus au sud. Le lac est encore partiellement gelé. Les reflets de la glace, la transparence de l’eau et cette petite île emprisonnée dans ce décor de blanc, de bleu et de vert nous laissent muets. Nous restons là une bonne demi-heure, faisons quelques images et exprimons notre bonheur d’être là, à cet instant. Le bonheur simple de partager cette vue, cette ambiance et ce silence entre amis.
Nous passons notre dernière nuit en Chine ici. La tente installée à une quarantaine de mètre de la route principale, dans l'ombre des arbres et à l'abri du vent. C'est un moment de la journée très important pour l'équipe. Même si nous partageons la tente nous pouvons nous isoler dans nos lectures et dans notre musique. Demain sera un autre jour, un autre pays, un autre monde...