Des néophytes dans les mers du Sud…
Extrait du carnet de bord de Bertrand :
Pour rejoindre l’Antarctique depuis Ushuaïa, nous devons traverser l’une des mers les plus agitée et les plus ventée de la planète. Siphay et moi n’avons jamais navigué, le choc va être brutal !
Les effets du roulis se font ressentir sur une partie de l’équipage, les premiers signes du mal de mer sont visibles après seulement quelques minutes de navigation dans de telles conditions ; vomissements, perte totale d’appétit et d’énergie, nausées…
La vie est rythmée par les « quarts », sorte de tournus entre les membres à bord. Le but du jeu est qu’il y ait en permanence au moins une personne sur le pont (partie extérieure) du bateau. La personne « de garde » est responsable du bateau ; il faut tenir le cap, adapter la voilure au vent, éviter les éventuels obstacles flottants tels que les icebergs ou encore les hauts fonds à l’approche du Sud … 24h/24.
Par chance je ne ressens pas trop le mal de mer et peux donc me nourrir et m’hydrater régulièrement. C’est un effort, mais je sais que c’est indispensable pour garder de l’énergie. Une fois cette « opération » terminée, je file dans mon duvet « grand froid » acheté pour l’occasion. Mais là, manque de chance, le bateau gîte à bâbord et mon lit situé à 60cm au dessus du sol ne comporte pas de cloison à gauche. Je tente tout de même de me coucher et passe proche de la correctionnelle, je me retiens de justesse et évite d’être projeté sur le sol…j’imite alors notre capitaine en me couchant sur le sol, calé entre le mur et le bas de mon lit, un des dossiers du canapé sera mon matelas de fortune.
Je pars en direction de la cuisine et là, j’entends un bruit sourd et me fais projeter contre la cuisinière, je me retiens de justesse avec mon pied et m’ouvre le talon…rien de très grave en soit, mais il faut encore lutter pour trouver la trousse à pharmacie, désinfecter et mettre un pansement (oui oui, même en Antarctique on suit scrupuleusement les conseils de notre médecin adoré ;)). Daniel me dit « on s’est fait coucher », le bateau s’est donc mis sur le flanc, la bôme (partie inférieure de la grand voile) a frappé l’eau et le palan de retenue a cassé… la quille a joué son rôle et a redressé le bateau, les anciens du « Kim » se chargent de réparer les dégâts.