Menu
Du vélo dans la jungle : au cœur de la forêt amazonienne | Solidream - Rêves, Défis et Partage - Récits, films documentaires d'aventure
2369
post-template-default,single,single-post,postid-2369,single-format-standard,eltd-core-1.2.1,borderland-theme-ver-2.5,ajax_fade,page_not_loaded,smooth_scroll,side_menu_slide_with_content,width_470, vertical_menu_with_scroll,essb-8.5,wpb-js-composer js-comp-ver-6.9.0,vc_responsive
Rouler dans la jungle est une expérience unique. L’ambiance sonore qui y règne est foisonnante de forts bruits inconnus. L’odeur de la jungle, lorsqu’elle ne part pas en fumée, nous fait sentir toutes sortes de végétation environnante. Nous nous sentons petit au milieu de cette multitude d’éléments.

Du vélo dans la jungle : au cœur de la forêt amazonienne

Itinéraire en Amazonie
Itinéraire en Amazonie

Si Solidream est bien un voyage à vélo autour du monde, nous nous lançons des défis de taille tout au long de notre avancée, comme notre passage en Antarctique ou encore la traversée du Sud Lipez en Bolivie en juin. Cette fois le challenge est de taille : traverser l’Amazonie à vélo, sur une route praticable seulement en saison sèche, en passant dans les endroits les plus sauvages sous une chaleur de plomb. D’un avis unanime, c’est la plus difficile étape de notre aventure à ce jour.

Avancer avec une balle dans le pied

Après notre passage dans la Bolivie amazonienne, l’étape brésilienne de ce défi avait bien mal commencée avec de multiples problèmes sur le vélo de Siphay. Dès les premiers kilomètres, le vélo de Siphay nous lâche et nous savons que c’est un peu comme si nous allions marcher à cloche pied tout le long des 1400km qui nous attendent : il ne dispose pas de toutes ses vitesses et nous devrons passer des centaines de cotes en poussant ou en roulant sur des rapports anormalement durs.
Dans cette galère, plusieurs solutions : soit nous avançons à pied dans les grandes cotes, soit Brian et Morgan poussent Siphay dans le dos. Dans tous les cas ce sont des efforts supplémentaires à fournir dans un environnement déjà peu commode.

Passer du mode « voyage » au mode « aventure »

En Amazonie, il fait chaud, extrêmement chaud. Nous enregistrons des températures dépassant facilement les  40°C à l’ombre et, par-dessus tout, une humidité de 90% nous rend la tâche ardue. Nous avons calculé qu’à nous trois, nous avons bu presque une tonne d’eau sur un mois, soit 10L par personne par jour environ, dont une bonne moitié venant directement de la terre. En effet, à un tel rythme de soif, nous n’avons pas le choix : nous collectons l’eau dans la rivière (pas toujours très claire) ou dans les puits des fermes le long de la route, lorsqu’il y en a… .

Des cotes rudes, à grimper en marchant
Des cotes rudes, à grimper en marchant

Le soir avant d’aller se coucher, manger un plat chaud vous rend trempé comme en sortant d’une douche. L’environnement est hostile : de multiples insectes sont toujours là pour vous agacer,  les serpents sont invisibles mais bien là ou encore les multiples avertissements des habitants sur l’ «onça» (jaguar) qui chasse la nuit et qui peut vous briser le crâne en quelques secondes s’il vous confond avec une de ses proies.

Morgan se souvient d’une nuit difficile : « Alors que nous dormions en tente, dans la nuit Brian me réveille en disant qu’il y a des fourmis sur la tente. Je me rendors illico presto sans m’inquiéter. Quelques minutes plus tard je me réveille, j’ai la sensation de me faire piquer. Je regarde le haut de la tente et je vois une masse noir inhabituelle qui nous plonge dans une obscurité encore plus profonde et je découvre plein de trous dans notre moustiquaire. Je réveille les autres, nous sommes en train de nous faire dévorer notre tente par des fourmis pour le moins agressives et nous nous battrons un bon moment avec ces guerrières tenaces et voraces… »

 

Enfin, la route n’aide pas : une piste de 1400km dont quelques centaines de kilomètres avec  régulièrement des cotes entre 12 et 18% demandent un effort considérable dans nos conditions handicapées. Parfois les pentes sont si raides que nous devons trouver des prises, comme en escalade, pour caler nos pieds et pousser les vélos. Sur la dernière portion, nous avons fait 6500m de dénivelé positif en moins de 5 jours ! Lorsqu’il pleut, il est extrêmement difficile d’avancer dans la boue collante et, si vous tentez l’expérience, vous gagnez deux kilos de boue collés partout, à trimballer sur une route où vos pneus accrochent désagréablement dans les montées et dérapent dangereusement dans les descentes, plus un vélo à nettoyer…

Exténués, en silence
Exténués, en silence

Morgan se rappelle de notre journée du 26 août : « Nous quittons le village de Jacaréacanga, 400km au Sud d’Itaituba, et entamons la portion la plus difficile de notre étape amazonienne. Ce vendredi nous roulons sur une route terrible. Les montées se succèdent sans nous laisser le moindre répit, la chaleur nous affaiblit dangereusement et la sueur nous brûle les yeux. Vers 16h, alors que nous avons déjà parcouru environ 80km, Siphay s’arrête en haut d’une côte, pose son vélo contre un talus et s’assoit le dos appuyé contre une de ses sacoches sans dire un mot. Je laisse tomber mon vélo à côté du sien, jette mon chapeau, et m’allonge sur le sol, tandis que Brian s’arrête net et se pose par terre, au milieu de la piste, sans prendre la peine de ranger son vélo sur le bord du chemin… Nous sommes épuisés. Jamais je n’avais poussé mon corps dans de tels retranchements, j’avais l’impression que mon sang bouillait, je sentais battre mon cœur plus fort que jamais, je me surprenais à avoir des frissons dans cette fournaise verte tant l’effort était rude et j’espérais qu’après chaque col je verrai une longue ligne droite bien plate… mais ce jour là nous parcourons 98km sans que ce rêve ne se réalise… »


Découvrir une région peu connue

Décider de traverser une région si hostile réserve, comme toujours, de bonnes surprises. Sur la route, un village tous les 400km environ nous offre un peu de bon air et des sodas pour décompresser. Le reste du temps, des fermes ou, plus souvent, seulement la jungle. Parfois, elle part tristement en fumée suite à des incendies intentionnels. Dans tous les cas, les gens font preuve d’une hospitalité admirative. Jamais en Europe, par exemple, nous n’aurions été aidés autant. Nous ne sommes pas prêts d’oublier les multiples toits pour dormir, les repas et les coups de main volontaires pour nos réparations !

Brian se rappelle d’une de ces bonnes surprises : « on sortait à peine de la jungle du parc national Amazonia, complètement crevés, et on croise un camion qui s’arrête rapidement à notre niveau. Le chauffeur, Jayudo, commence à discuter avec nous. Au bout d’un moment, il nous confie qu’il nous admire, nous tend un billet et nous dit dans un regard admiratif : ‘Tenez, vous pourrez mériter un bon repas au prochain village’. Nous repartons abasourdis avec le sourire et pédalons avec un peu plus d’entrain vers ce bon repas, qui tombe pile à la date anniversaire du voyage ! »

Rencontre avec une tribu indigène au coeur de l'Amazonie
Rencontre avec une tribu indigène au coeur de l’Amazonie

Dans Solidream, il y a solidaire et nous avons vu ici que les gens le sont. Notre aventure les fascine et ils n’hésitent pas à la qualifier de « locura » (folie en portuguais) et nous leur rappelons que c’est grâce à eux que nous avançons chaque jour.
Sur notre route, nous avons eu la chance de rencontrer une tribu indigène qui nous a offert une maison sur pilotis ainsi que leur succulente cuisine lorsque Siphay a dû faire marche arrière une journée pour aller changer sa jante cassée. Rencontrer des gens qui parlent une langue de la forêt est une expérience unique.

Siphay se remémore une de nos rencontres : « ‘’Kilomètre 180’’  Un nom peu commun pour une ville ! Nous l’attendions tant en ce milieu de journée, c’était certainement dû à ces derniers craquements que faisait ma roue arrière. Le style présent est amusant, semblable aux ambiances de farwest.  Soudain, je suis surpris par ce pick-up qui coupe l’axe principal, tout juste devant Brian à quelques mètres face à Morgan et moi. Pas sûr d’avoir bien compris, mais l’homme prénommé Israel nous demande si nous avons déjà mangé et il nous invite à le suivre. Souhaite t-il nous conseiller une bonne cantine ? Il nous offre finalement un véritable festin dégusté au restaurant, sans oublier les 2 litres de soda bien frais, un plaisir simple que l’on sait vraiment apprécier dans de tels calvaires…
Au moment où je rédige ces mots, Brian et Morgan sont partis acheter de bons jus de fruits locaux, offerts par un brésilien croisé sur notre route quelques heures auparavant ! Je ressentirai toujours un petit malaise mais aussi une grande reconnaissance face à ces inconnus aussi généreux»

Nous avons vu pas mal d’animaux, même si nous avons manqué le mythique jaguar. Tant mieux vus les risques, mais dommage pour l’expérience, pour le sensationnel de croiser le regard de ce superbe prédateur. Par contre, de magnifiques oiseaux peuplent les routes, des lézards frétillent à notre passage à vélo et des singes nous offrent parfois des acrobaties dans les arbres. Mais plus que la vue, c’est l’expérience sonore de la jungle qui est unique et indescriptible en images : le silence n’existe pas, on entend toutes sortes d’insectes cousins du grillon, les oiseaux ont l’air de s’insulter sans cesse d’un arbre à l’autre et, la nuit, des animaux non identifiés vous rappellent que vous êtes chez eux.

La fameuse cassette du vélo de Siphay en éclaté (littéralement...)
La fameuse cassette du vélo de Siphay en éclaté (littéralement…)

Brian raconte une de ces nuits passées dans la jungle : « Déjà que j’avais du mal à dormir à cause des gouttes dues à l’humidité qui tombaient sur mon hamac, j’entends un animal qui tourne autour de moi. Avec la bâche, je ne pouvais pas voir ce qui se passait. Morgan m’a entendu crier dans mon sommeil. Puis je me suis réveillé et n’ai plus bougé, patient. Finalement, le silence fut et puis plus rien. Je ne sais pas ce que c’était que cet animal, mais il m’aura bien effrayé ! »

Défi relevé !

Nous avons relevé le défi amazonien, non sans mal, et aujourd’hui nous nous sentons fatigués mais éprouvons un grand sentiment de satisfaction après plus d’un mois passé dans la jungle.

C’est à Santarém, puis à Manaus, que nous allons laisser les vélos reprendre leur souffle et profiter de la jungle, de la faune et des cours d’eau abondants dans la région d’une nouvelle manière, sans nos vélos…

Nous allons étudier la suite de l’itinéraire direction l’Amérique centrale. Aussi nous continuons de penser à de nouveaux défis à relever et nous avons déjà pas mal d’idées de challenges du genre en tête, affaire à suivre !

Tags:
Send this to a friend