C'est le 02 mars que nous quittons Ushuaia, après avoir déposé Bertrand à l'aéroport... Plus de 2 mois sans pédaler, un moral quelque peu affecté, une selle mal réglée, le froid qui s'installe avec un vent violent et enfin une première journée de 40km de côte ont eu raison du genou de Morgan. Afin de ménager son articulation tout en continuant d'avancer nous décidons de tenter le "Vélo-Stop"... et ça marche !!!
Dès la première nuit nous constatons que le matelas Vaude de Morgan n'a pas supporté l'étape "Antarctique". Nous tentons de trouver la fuite en le plongeant dans une rivière mais ne trouvons rien. L'air marin, cumulé au froid et à l'humidité ne nous ont pas laissé d'autres choix que d'abandonner sur place ce lit si confortable... Morgan se contentera d'un tapis en mousse classique pour les prochaines semaines.
En 72h de "Vélo-Stop" nous réalisons plus de 1000km. Nous avons été contraint de faire un détour par Punta Arenas pour réparer de la casse et pouvoir repartir vers Puerto Natales...
La Terre de Feu est le royaume du vent. Planter la tente à l'abris d'un mur est un luxe dans cette région et nous nous en privons pas.
La pampa dans toute sa splendeur !!!
Arrivés à Puerto Natales nous laissons nos vélos en sécurité chez Mara et Anita et partons en stop équipés du strict minimum en direction du parc Torres del Paine. Sans oublier caméra, appareils photos, trépied...
Le Parc Torres del Paine avec Guillaume, notre compagnon de marche, que nous retrouverons à Puerto Natales puis à El Chalten une semaine après. Sa générosité, son dynamisme et sa bonne humeur font plaisir à voir !!!
Tu vois des truites ? Des saumons ? J'ai faim... :)
C'est dans ce parc bien connu que nous faisons de belles rencontres. Laura, Thomas, Mélanie, Julie, Lola, Joël, Heike, Sarah... et c'est Guillaume, un français en voyage pour 6 mois en Amérique du Sud, qui se joint à nous pour 2 journées de marche dans une bonne humeur que nous avons tous les 3 bien entretenu malgré une météo capricieuse.
En dehors de la Terre de Feu la Patagonie abonde de rivières et torrents de toutes tailles. Cela nous facilite bien la vie : boire, se laver, cuisiner, faire la vaisselle... tout est plus simple, pas besoin de charger nos mules.
Après notre crochet par le Parc Torres del Paine nous reprenons la route. ..
... doucement nous quittons la Terre de Feu et nous rapprochons de la Cordillère des Andes...
Le vent, encore et toujours le vent...
Alors que nous sommes à un trentaine de km d'El Chalten le vent est si puissant que nous ne parvenons pas à dépasser les 5km/h... nous sommes sur le plus petit rapport que comptent nos 14 vitesses, nous forçons et frôlons la chute à plusieurs reprises... après 2h d'efforts nous abdiquons et montons à bord d'un camping car... ouf !!!
Petite ferme au nord d'El Calfate. Nous sommes surpris de trouver, sur le plan de travail de la cuisine, une tronçonneuse. C'est ainsi qu'ils découpent les morceaux de "corderos" (moutons) pour le repas du soir. Nous nous plions aux coutumes tandis que Siphay prépare une bonne langue de boeuf. Bon appétit !!!
Nous voici au pied de la Cordillère des Andes !!!
Se laver lorsque la température est tout juste au dessus de 5°C n'est pas tout le temps facile. Par contre le plaisir de se coucher propre est une motivation suffisamment grande pour ne jamais échapper à la toilette.
Il est 22h, nous nous arrêtons et allons frapper à la porte d’une ferme pour demander du pain. Nos vivres sont épuisées. Après un petit temps d’hésitation, Fernando, Diego et « Flaco », comme ils le surnomment, nous invitent à manger dans leur salon. Ils envoient le plus jeune chercher des côtes de mouton fraichement découpées et nous les cuisent au feu de bois. Nous nous régalons de ce mets simple mais tellement délicieux.
C'est au Sud de la Carretera Austral, au commencement de cette route mythique, que nous rencontrons d'autres voyageurs à vélo : Tim et Joe en tandem, Paulius le lituanien solitaire, Anouk et Arnaud le sympathique couple suisse...
Dans cette région il n'est parfois pas possible de contourner les lacs par des pistes. Ainsi nous devons faire quelques traversées en bateau pour rejoindre Villa O'Higgins.
Durant les 6 premiers km il est inenvisageable de monter sur le vélo. La pente est raide, la forêt dense et le chemin est si étroit que nos vélos n’ont parfois pas la place de passer. Nous poussons, portons nos montures, traversons des cours d’eau, enjambons des troncs ou roches situés sur notre chemin…
Nous sommes parfois plantés dans la boue jusque mi-mollets et devons nous mettre à deux pour réussir à sortir les vélos de ces pièges.
Siphay resserre son porte bagage. C'est pour nous l'occasion de respirer un peu dans ces moments difficiles.
Nous mettrons plus de 2h pour abattre ces 6km où les efforts nous ont aidés à oublier qu’il fait 6°C et que nous sommes trempés jusqu’aux os.
Arrivés à Villa O'Higgins nous avons le plaisir de faire quelques km en compagnie d'Anouk et Arnaud, un couple de sportifs aventuriers que nous espérons revoir par la suite. Le soir nous faisons le plein des gourdes et allons installer le camp.
Après 7 mois, la tente montre quelques signes de fatigue. Nous faisons les réparations nécessaires le soir avant de dormir.
En plus de la casse, nous subissons le froid ajouté à la pluie. Nous ne sommes pas bien équipés pour de telles conditions et un soir nous terminons complètement trempés par une température dépassant timidement les 0°. C’est un abri bus qui nous servira de refuge pour sécher la tente mouillée depuis la veille et tenter de dormir au sec… C’est habillés dans les duvets, bonnets et chaussettes aux pieds, que nous nous réchauffons en mangeant une soupe bien chaude.
Le lendemain matin il pleut toujours et nos habits et chaussures n’ont pas séché. Nous enfilons nos tenues froides et mouillées et reprenons la route…
Dans ces conditions de froid et de pluie il n'est vraiment pas simple de faire des images... de plus le rythme que nous devons assurer (100km/jour) sur cette piste vallonnée rend la tâche un peu plus compliquée.
Les lamas nous encouragent !!!
Quel bonheur de retrouver le bleu du ciel...
Les glaciers nous rappellent notre mois passé en Antarctique...
Contrairement aux pays chauds où nous avions l'habitude de nous lever à 6h30 le matin ici nous tardons à sortir de la tente. Nous quittons généralement le camp vers 11h et roulons plus tard le soir...
Nous roulons dans un décor magique, les rivières naissant des glaciers situés sur les montagnes environnantes sont d’un bleu surnaturel … Nous contemplons…
Nous sommes fatigués. La pluie, le froid, le rythme soutenu et les problèmes techniques nous affectent psychologiquement. Le soir nous rêvons d'un endroit sec et d'une douche chaude.
La route est difficile, le matériel souffre sur cette piste, mais le contexte est grandiose...
Lorsque le soleil réapparaît tout devient plus simple.
Cerro Castillo. Carretera Austral.
Nous venons de quitter la route australe et le Chili. Nous sommes de nouveau en Argentine et retrouvons le bitume et des journées sans pluies. Nous partons vers Bariloche et sortons petit à petit de la Patagonie...
Luìs nous apporte des morceaux de viande avant de s'installer à table avec nous et de nous parler de l'époque Pinochet, de son ami qui a été expulsé du pays, de la répression omniprésente...
Les conditions difficiles et les problèmes mécaniques nous ont ralentis. Nous devons régulièrement rouler la nuit pour rattraper le temps perdu.
Nous passons des écuries, aux granges en passant par des maisons abandonnés. Tout les moyens sont bons pour nous abriter de la pluie !!!
Nous côtoyons les sommets enneigés...
C'est à Cochrane que nous avions changé les roulements à billes de la pédale de Morgan. Maintenant nous constatons que cette dernière est fendue en deux... nous faisons une réparation de fortune pour faire les 200 derniers km avant la prochaine ville où nous pourrons trouver des pédales neuves.
Ce mois en Patagonie à fait quelques dégâts dont : - 1 pneu Schwalbe déchiré - 1 jante Mavic 819 fendu en deux - 1 appareil Réflex numérique K7 de chez Pentax endommagé - 1 pédale cassée - 1 sacoche déchirée - 1 fixation de sacoche hors service - 8 patins de frein - 1 anti-vibrateur du V-brake - 1 pantalon technique déchiré
De retour dans la civilisation !!!