Premier soir au Tadjikistan. Kamol nous voit sur le bord de la route en train d’essayer d’arrêter des camions pour rallier Douchanbé. Il s’arrête, essaie d’appeler des connaissances à lui pour nous aider mais rien n’aboutit. Puis il insiste pour nous inviter chez lui le soir-même. C’est un honneur, nous explique-t-il, d’avoir des étrangers chez soi dans ce pays. Nous lui demandons simplement une douche et il nous emmène aux bains turcs publics ! Ensuite, il se fait un plaisir de nous nourrir de succulents chachliks (viande grillée) que nous dégustons chez lui en compagnie de son frère.
Nous sommes rentrés au Tadjikistan par une région réputée sensible. Ceci s’est rapidement confirmé lorsqu’une voiture banalisée s’est arrêtée devant nous pour contrôler nos papiers. Les gars se la jouant un peu à la Starsky et Hutch nous ont rapidement montré une carte faisant mine d’être des policiers. Nous savions qu’ils n’en étaient pas. Sur nos gardes nous coopérons et montrons nos passeports.... Notre intention est de bien leur faire comprendre qu’ils ne nous impressionnent pas et que nous ne les laisserons pas remonter dans leur voiture avec nos papiers. Finalement, après avoir fait leur petit show, nos policiers en herbe remontent dans leur Mercedes blanche et nous partons vite de cette zone un peu tendue.
Un de ces nombreux ange-gardiens qui font de notre voyage une succession de rencontres incroyables. Abdul-Karim, ce gaillard de camionneur, s’arrête de lui-même alors que que nous cherchons toujours à rallier la capitale tadjik, Douchanbé. Nous n’avons toujours pas d’argent local depuis le passage de la frontière et, sur les 14h que nous passons dans son camion, il s’arrête 2 fois pour nous offrir à manger. Gênés, nous ne savons comment le remercier, jusqu’à cette prise de vue qu’il fera développer. C’est pour lui une occasion rare d’avoir des photos et pour nous le bonheur de lui offrir.
Abdul-Karim s’arrête pour nous montrer comment aller cueillir les légumes sauvages qui ornent les flancs des montagnes tadjiks. Il est facile de le comparer à Rambo, le couteau entre les dents. Mais en réalité il est tendre comme un agneau et nous dégustons ces mets avec lui dans la cabine de son camion.
Vue de chez Véro à Douchanbé, notre amie qui nous accueille sur place. Cette ville est érigée au pied des impressionnantes montagnes du Tadjikistan, de quoi offrir une vue digne de ce nom !
Nous donnons une conférence pour l’école américaine QSI de Douchanbé. Comme cela nous arrive parfois, nous sommes très curieux des questions pertinentes posées par les enfants. Nous espérons avoir réussi à motiver certains d’entre eux à aller au bout de leurs rêves.
Point de « Bike shop » digne de ce nom en cette partie du monde. On se débrouille au marché local pour changer le pignon du moyeu arrière Rohloff du vélo de Brian, une pièce hautement spécifique sur nos vélos. C’est une opération assez délicate à ne pas rater. Finalement tout se passe bien et Brian repartira avec un kit chaîne tout neuf !
Quand ce ne sont pas les montagnes qui offrent de jolies couleurs, ce sont les immeubles qui s’y mettent à leur tour.
Notre petit pote Gabriel ! C’est le fils de notre amie Véro qui nous a hébergés durant ces 2 semaines. Né au Rwanda, il a voyagé à vélo avec sa mère en Amérique du Sud, vécu au Bangladesh et maintenant au Tadjikistan. Quand nous l’avons connu en Patagonie il parlait espagnol, aujourd’hui, en plus du français, il peut parler bengalie (ou bengla, langue du Bangladesh), maîtrise l’anglais et apprend le russe… Avec sa bonne humeur naturelle et sa curiosité d’enfant, il aura largement agrémenté notre séjour à Douchanbé ! Ce jeune homme est franchement attachant et nous passons de bonnes heures à jouer les grands frères avec lui, pour notre plus grand plaisir ! Il nous manque, le Gab !
Nous quittons les lumières de Douchanbé pour reprendre la route après 2 semaines de pause dans la capitale tadjik. Nos visas pour le Turkménistan, l’Ouzbékistan et l’Azerbaïdjan en poche, nous pouvons reprendre la route !
La route depuis la capitale tadjik pour arriver à la frontière ressemble plus à un terrain de cross qu’à autre chose. Le matériel souffre et la poussière levée par un trafic assez important nous irrite les yeux. Une fois passés les postes de contrôles ouzbeks, nous voici sur une route correcte en direction de l’ouest et le Turkménistan en ligne de mire à 600 km d’ici. Premier fait notable : après ...deux semaines de pause forcée pour nos visas, l’été s’installe. Et dans ce climat sec et chaud, rouler en pleine journée est franchement éprouvant. On se croirait revenus dans le beau milieu de l’outback australien il y a quelques mois. Nous évitons de rouler aux heures chaudes, mais dès 9h du matin, il fait déjà 35°C. A la pause midi, nous enregistrons près de 42°C à l’ombre…
Passés en Ouzbékistan, le climat sec et chaud voit pousser des maisons construites en adobe, ce mélange de terre séchée et de paille.
Dans ces régions musulmanes les relations hommes/femmes sont différentes de notre conception de français athés. Nous trouvons beaucoup d’intérêt dans le contraste qu’il y a entre le comportement des hommes en public et en privé. Cette pudeur que nous pouvons observer dans les rue se transforme souvent en conversations passionnées lorsque nous ne nous retrouvons qu’avec des hommes et qu’ils nous parlent des femmes. Leurs yeux brillent, leurs questions fusent et leur intérêt pour les femmes s’avère intense.
Brian et Siphay sont malades. Dans la chaleur intense que nous venons de retrouver, Brian commence à se déshydrater et Siphay souffre toujours de nausées. Cette ascension est un véritable calvaire pour eux.
Un midi, un groupe de femmes nous invite à nous asseoir chez elle. Nous voyons qu’elles nous sortent déjà à manger et Morgan, prudent, demande le tarif. La bonne femme ne comprend pas au début puis nous regarde d’un air qui veut dire « Mais de quoi tu parles ? » et nous sert un excellent plat à base de riz, avec petite salade, yaourt et fruits. Elle nous fait comprendre qu’il n’y a rien à payer, bien sûr, c’est une invitation. En fait, ici, de nombreuses personnes essaient de nous inviter chez eux pour le thé ou pour manger et nous sommes souvent obligés de refuser… mais pas tout le temps quand même. Vive l’hospitalité ouzbèke !
Morgan en solo dans la steppe ouzbèke : « Ayant choisi de prendre un peu d’indépendance je me dois d’en assumer aussi les contraintes. Je pars pour environ 300km sans carte ni appareil photo, sans outils ni pompe, sans tente ni bâche et avec seulement l’équivalent de 3€ en monnaie locale… Bizarrement ceci ne m’inquiète pas. J’ai la sensation profonde de prendre la bonne décision pour mon bien être comme pour celui de l’équipe. J’ai environ 36h pour faire les 300 km mais surtout j’ai du temps pour retrouver le plaisir de saluer ceux qui nous accueillent sur leurs terres. » L’article complet ici : http://solidream.net/morgan-en-solitaire-dans-la-steppe-ouzbeke/
Nous avons laissé la verdure des montagnes d’Asie centrale pour explorer ses déserts. Ici, l’Ouzbékistan nous laisse entrevoir une vallée lunaire.
Un de nos spots de campings à la sortie d’un village. En Ouzbékistan, comme partout en Asie centrale, Il n’y a pas de barrières le long des routes. Dès la sortie des villes et villages, il nous est possible de dresser le camp facilement pour notre plus grand bonheur. Nous nous couchons vers 22h et nous levons vers 5h30, le soleil est notre maître.
Morgan : "Je quitte les copains vers 17h30, roule non-stop jusque 23h et assure les 154km d’une journée normale. La musique dans les oreilles je m’évade. Je n’ai pas faim, ne sens pas la fatigue et avance comme un robot. Les heures passent et je réfléchis aux relations que j’ai avec mes compères. Nous sommes 24h/24 et 7j/7 ensemble depuis bientôt 3 ans. Nous partageons notre tente, notre argent et... nos repas. Nous roulons, marchons, discutons, argumentons, dormons, festoyons, déjeunons, dinons, souffrons et rigolons ensemble. Nous avons du mal à parler à la première personne du singulier et à la question classique « Comment vas-tu ? » nous répondons « Nous allons bien »… C’est incroyable à quel point notre cerveau peut se formater, s’adapter et même s’égarer. Nous atteignons un stade où nous pensons trop au groupe et avons des difficultés à faire des choix strictement personnels. L’avis des deux autres prend trop d’importance dans les quelques miettes de vie privée qu’il nous reste. Jusqu’au jour où l’un d’entre nous confonde ce que l’autre a vécu avec sa propre expérience… C’est comme une projection d’identité. On se voit dans l’autre et on vit ses joies, ses souffrances, ses projets et même sa culpabilité comme si nous en étions les acteurs, les responsables… » Lire l’article complet ici : http://solidream.net/morgan-en-solitaire-dans-la-steppe-ouzbeke/
De retour en France, notre bicyclette nous manquera aussi pour l'attraction qu’elle provoque. Une grande vitrine ambulante dont nous sommes les premiers bénéficiaires. De belles rencontres, de généreuses invitations chez les locaux en découlent. Cette homme n’hésite pas une seconde pour venir nous accoster et nous interroger sur ce que nous faisons ici. Mais cette fois nous sommes forcés de reprendre la route, les visas dictent notre rythme...
Lequel des deux paraît le plus ouzbek finalement ? Brian s’essaie à la mode locale avec ce couvre-chef, qui désigne les appartenances ethnique en Asie centrale. Celui-là est en fait tadjik, à notre surprise : dans la région sud-est de l’Ouzbékistan vivent de nombreux tadjiks. Suite aux révolutions russes de 1917 pendant la période soviétique, les grandes villes de Boukhara et Samarkand, qui étaient peuplés majoritairement de tadjiks, furent intégrés à l’Ouzbékistan lors de la création du Tadjikistan en 1924.
Nous roulons aux heures peu ensoleillées pour nous épargner les grosses chaleurs de la journée. En fin d’après midi nous contemplons le soleil dans sa course vers l’horizon où l’air chargé en poussière et l’immensité du décor nous offre cette scène typique des régions désertiques et sablonneuses.
La sieste de midi pour éviter le soleil de plomb des steppes ouzbèkes. La maladie qui suit ces deux-là depuis plusieurs jours accentue leur fatigue. Nous nous endormons partout, sans gêne, tellement les conditions nous affaiblissent. Lire l’article complet ici : http://solidream.net/le-calvaire-ouzbek/
Brian : « Déjà, nous avons été amenés ici par un homme bien intentionné mais assez lourdingue dans sa manière d’aider : alors qu’il veut bien faire, il nous emmène à l’hôpital en entrant par le service maternité… Nous ne pouvons rien faire à part l’écouter expliquer des trucs en russe et nous taire. Passé cette étape, je parle enfin à quelqu’un qui baragouine quelques mots d’anglais et lui expliqu...e mon souci. Je suis mené vers ce qui semble être le service des urgences, mais je ne comprends rien à ce que me disent les médecins qui semblent plus intéressés par mon numéro de passeport et mon hôtel en ville que par ma santé. Et bien sûr, ils ne parlent que russe… On m’allonge dans une pièce et, sans mot dire, une infirmière se pointe avec 3 seringues et une perfusion. Dans ma tête, je me demande ‘Mais qu’EST-CE qu’ils vont me faire ?!’. J’appelle Siphay à la rescousse pour qu’il soit là si jamais ils m’injectent un truc bizarre. Finalement, on me fait les analyses usuelles et on ne trouve rien d’anormal dans mon sang et j’aurai droit à une perfusion pour me réhydrater, qui fait plutôt du bien. Après 4 heures dans cet hôpital, j’aurai donné mon passeport à peut-être 20 personnes différentes, vu 7 ou 8 médecins, rigolé avec les charmantes infirmières et pas payé un sou. Juste un mot à la fin pour me dire que tout est normal. Génial. »
Passés au Turkménistan, 5 camions iraniens s’arrêtent lorsqu’ils voient 3 mecs en train de se dessécher au bord de la route. Chacun dans son camion nous en apprenons un peu plus sur l’Iran et ses habitants. Vers 22h30 ils garent les camions sur un parking improvisé, posent un tapis au sol et préparent du thé tandis que la popote est déjà en route. Nous bivouaquons avec nos 5 nouveaux amis, mangeons dans le même plat et partageons le même gobelet. Il y deux petites couchettes dans chacun des camions, comme des lits superposés, à l’arrière des sièges conducteur et passager. Nous sommes invités à dormir dans les camions et reprendre la route avec eux le lendemain matin vers 6h.
14h de train plus loin nous débarquons à Turkmenbachy à 9h du matin le 12 juin. Notre visa expire le 14 au soir. Les minutes sont comptées et nous ne voulons laisser aucune chance au hasard. Ni une, ni deux, nous partons au port le ventre vide pour nous renseigner sur les traversées jusqu’en Azerbaïdjan.
Turkmenbachy. L’extravagance des bâtiments des grandes villes turkmènes contraste fortement avec le néant qui existe dans son immense cambrousse steppique et désertique. Un pays pour le moins controversé que nous sommes heureux de quitter.
près plus de 30h à Turkmenbachy, nous avons la chance d’embarquer sur l’énorme bateau qui nous ouvre les portes de l’Europe. Nous n'avions pas vu la mer depuis la Thaïlande et réalisons le chemin parcouru...