Menu
Le Mexique : ca vaut le détour | Solidream - Rêves, Défis et Partage - Récits, films documentaires d'aventure
3099
post-template-default,single,single-post,postid-3099,single-format-standard,eltd-core-1.2.1,borderland-theme-ver-2.5,ajax_fade,page_not_loaded,smooth_scroll,side_menu_slide_with_content,width_470, vertical_menu_with_scroll,essb-8.5,wpb-js-composer js-comp-ver-6.9.0,vc_responsive
Deuxième jour d'auto-stop dans le Sud du Mexique. Suite à la casse du pédalier de Brian, nous avons déjà grimpé dans plus de dix 4x4 pour avancer de quelques centaines de km... nos vélos sont encombrants et nous sommes trois mais les mexicains assurent et nous donnent un sacré coup de pouce.

Le Mexique : ça vaut le détour

47 jours et 75kg de tacos, 3 jours et 900km d’auto-stop, 25 jours et 3000km de vélo, le Mexique est immense et nous l’avons bien constaté. Du climat tropical aux régions désertiques, en passant par la côte pacifique et ses superbes falaises se jetant dans l’Océan Pacifique, le Mexique et les mexicains nous réservent un accueil beaucoup plus agréable et intéressant que ce que ce que nous avions pu imaginer en écoutant les uns et les autres.

Notre route au Mexique
Notre route au Mexique

Après 3 jours de galères et quelques anecdotes nous remontons sur nos vélos en direction d’un petit coin de paradis où nous fêterons le nouvel an et profiterons de deux semaines pour mettre à jours notre site web, nos images et nos textes. Ensuite nous remontons tout le Mexique jusqu’aux USA, passons une nuit à Culiacan, la capitale des narcotrafiquants, faisons quelques interventions à la télévision nationale et régionale et traversons des zones désertiques où les longues lignes droites nous rendent fous… enfin, presque fous 🙂

« Mon vélo n’est pas plus utile qu’un caddie de supermarché » Brian 22/12/11

Le 21 décembre 2011 nous sommes encore au Guatemala, à 55km de la frontière mexicaine, et nous avançons vite pour rejoindre nos amis pour le jour de l’an. Alors que nous sommes dans une côte bien abrupte Brian nous crie «Stop !». Fragilisé par nos kilomètres dans la boue et les graviers, le pédalier s’est sectionné en deux sous l’effort. Nous constatons rapidement que nous ne trouverons pas de matériel de remplacement suffisamment solide et nous ne voulons pas faire de réparation de fortune étant donné les kilomètres que nous devons assurer chaque jour, du rafistolage ne tiendrait pas bien longtemps…

Nous choisissons donc l’option «auto-stop». Nos techniques : allonger nos vélos au sol, ne pas rester collés les uns aux autres pour ne pas laisser croire les gens que nous cachons quelque chose, se poser prêt d’un feu rouge ou d’un « dos d’âne » pour avoir l’opportunité de pouvoir discuter avec les gens ou alors dans des coins paumés, là où les gens sont toujours plus sensibles à l’entraide. Nous voici donc, à 5 ou 6m les uns des autres, en train de faire le spectacle au bord des routes… Et quand ça ne marche pas, Brian monte sur son vélo et nous le poussons, chacun d’un côté, la main appuyée sur son dos, pour aller rejoindre un endroit où la chance sera de notre côté. Un jour nous le poussons pendant plus de 40km… Un autre jour nous montons dans 10 véhicules différents pour avancer d’à peine 300km…

Auto-Stop avec nos vélos
Auto-stop avec nos vélos

Cette étape, quoique difficile nerveusement, a été pour nous une occasion de rencontrer les locaux et d’écouter leurs histoires. Extrait du journal de bord de Morgan : « Une main sur le volant, une croix catholique suspendue à son rétroviseur et vêtu d’une belle chemise, Fernando s’arrête pour nous prendre alors que la nuit est en train de tomber et que nous attendons depuis des heures sous un soleil de plomb. Je monte à l’avant et entame la discussion. J’apprends rapidement qu’il a passé 10 ans, clandestinement, aux USA avant de revenir monter sa propre affaire dans l’état de Chiapas. Je lui demande s’il peut m’expliquer comment il a réussi à passer la frontière et voici les grandes lignes de sa réponse : il a récupéré, grâce à un ami, l’adresse d’un « contact » à Phoenix, en Arizona. De là il a commencé à s’entraîner à marcher dans les montagnes pendant plusieurs semaines. Une fois en pleine forme il est parti en bus dans la région frontalière des USA et a commencé à marcher en direction des zones désertiques et inhabitées. Puis il a pris la direction du Nord en veillant à marcher uniquement la nuit et en évitant de croiser la moindre personne. Il m’explique que les seules personnes qu’il a vu étaient des cadavres de gens qui essayaient, comme lui, de traverser à pieds et mourraient de soif sur le chemin… En effet, suivant la période, les journées peuvent monter à plus de 50°C et les nuit bien en dessous de 0°C. C’est ainsi qu’il arrive à rejoindre la ville de Phoenix où il rencontre le « contact » et lui remet l’équivalent de 10 000 $. Celui-ci le met dans un appartement, avec d’autres mexicains, et lui explique qu’il doit attendre là qu’on lui trouve un endroit où « l’envoyer ». Chaque semaine ils changent d’appartement pour ne pas se faire repérer par la police. Enfin vient le moment où on « l’envoie » dans l’état de New York où il va cumuler deux boulots : le jour il travaille dans le nettoyage pour un hôtel et la nuit dans une usine pour faire de l’assemblage. Cela durera 10 ans… mais il y a un an il est revenu avec suffisamment d’argent pour monter son affaire, conduire son beau 4×4 et faire vivre toute sa famille. Son sourire en dit long sur sa fierté. Je le regarde avec admiration mais aussi avec un peu de gêne. Mal à l’aise de ne pas réaliser plus souvent la chance que j’ai d’avoir un passeport français… « 

C’est incroyable le nombre d’histoires plus ou moins similaires que nous avons pu entendre pendant ces quelques jours à sauter d’un pick-up à l’autre. Nous n’oublierons jamais cette femme qui nous explique que son mari et son enfant sont encore en Californie tandis qu’elle s’est faite expulser. Voici 6 ans qu’elle essaye de revoir son bébé devenu grand… Nous pensions qu’en Amérique Centrale les gens vivaient trop dans le « rêve américain » mais il semblerait que le Mexique soit bien plus atteint par ce fléau.

Notre cadeau de Noël : l’année 2012

Plus que quelques km...
Plus que quelques km…

Le 24 décembre, après trois jours de chasse au trésor, nous arrivons à Puerto Escondido et trouvons enfin la pièce qu’il nous faut. Chose exceptionnelle, nous nous payons une chambre d’hôtel pour le soir de Noël. Ainsi nous pouvons laisser nos vélos en sécurité et partir à la rencontre de ceux qui, comme nous, fêterons Noël dans la rue.

Après une nuit de fête, nous repartons, la tête un peu enfarinée, le 25 décembre vers midi, en direction du Nord… En effet nous devons être à Playa Nexpa, 800km au nord, pour le 31. Nous avons rendez vous avec des amis. Non sans mal nous arrivons à temps et fêtons le nouvel an sur une plage perdue en sirotant quelques bières autour d’un feu. L’année 2012 démarre dans le calme et la sérénité.

Après deux ou trois jours à profiter de la plage, des vagues et d’un peu de repos nous nous remettons au travail : films, photos, textes… C’est à ce moment là que nous travaillons pour réaliser un film de 3’48 » qui résumera nos premiers 490 jours de voyage. Puis nous faisons d’une pierre deux coups et présentons notre film au festival du film Filmed by Bike à Portland en Oregon USA. Ce festival se déroule au mois d’avril 2012 et nous prévoyons d’y passer en vélo à cette période : just perfect !

La drogue : un sujet loin des tabous

Si le trafic de drogue est un thème qui revient souvent dans nos derniers articles, c’est pour deux raisons : les gens y sont toujours confrontés de plus ou moins loin et c’est une mauvaise image de ces pays que nous aimerions aborder. Le Mexique baigne clairement dans cette sale réputation de pays maillon de cette grande chaîne de la drogue. Et comme à chaque fois, nous tempérons cette réputation : «Suerte !» (Bonne chance) ou «Que le vayan bién !» (Bonne continuation), tels sont les encouragements du peuple mexicain à notre passage. Combien de camionneurs enjoués de nous voir sur l’autoroute nous ont salué ? Combien de voitures nous ont klaxonné pour nous encourager ? N’avons-nous pas été très bien accueilli par nos SolidHosts mexicains ? Notre message devient clair au fur et à mesure de notre avancée autour du monde : oubliez les mauvaises réputations car, la plupart du temps, le voyage vaut le coup d’être vécu !

Evidemment, se balader en tant que touriste baroudeur au Mexique n’est pas le moins risqué des voyages, mais les soi-disant violences se passent entre les narcos. Brian n’hésite pas à déclarer à la TV nationale à Culiacán, suite à une question d’un journaliste sur la sécurité au Mexique : «Je n’avais pas réalisé que j’étais dans la capitale des narcotrafiquants avant d’arriver ici. Je pense qu’en vivant loin des activités de ce trafic, on vit une vie normale ici et rencontrons des gens chaleureux.» Le trafic de drogues est une activité omniprésente. Nous nous sommes donc rendus dans le petit sanctuaire en hommage à Jesús Malverde, le saint des narcos qui, soit dit en passant, n’est pas reconnu comme saint par l’Eglise. Dans ce lieu, vous pouvez même laisser quelques billets en espérant que celui-ci vous protège lors de votre prochaine cargaison de drogue destinée aux américains. Une pratique rentrée totalement dans les mœurs.

Remontée express

Apres notre période de pause a Playa Nexpa dans l’état de Michoacán, nous devons faire plus de 2400km en 24 jours jusqu’à Phoenix aux USA pour notre rendez-vous le 10 Février avec Etienne. Cela représente 100 kilomètres par jour de moyenne et nous nous disons que cela sera largement faisable sauf pépin. Les premiers jours sont durs dans le relief valloné de la cote pacifique mexicaine, avec plusieurs journées d’affilée à plus de 100km et 1000m de dénivelé positif, digne d’une étape de montagne, mais avec la chaleur en bonus. Un jour, Brian est victime d’une crise de manque d’apport glucidique : « Ça m’était déjà arrive avant en jouant au squash après un petit déjeuner trop léger. Les symptômes sont les suivants : ma vision se trouble jusqu’à ce que je ne puisse plus y voir assez pour faire quoi que ce soit. Ensuite, la vision revient et commence une migraine très douloureuse. S’ensuit une fatigue extrême qui m’immobilise pour la journée. C’est la deuxième fois que je vis ça dans le voyage, et j’ai trouvé un moyen d’arrêter ce type de crise : il suffit de manger le plus vite possible lorsque la vision commence à se troubler, de préférence du sucre qui s’assimile vite par le cerveau. Après je peux repartir sans soucis.»

Manque d'apport glucidique
Manque d’apport glucidique

Une fois passée la côte vallonée, nous voici sur la Ruta 15 en direction de Nogales ou nous passerons la frontière. Nous nous apercevons très vite que nos journées de 150km ne nous donnerons pas beaucoup d’avance pour faire une pause car les estimations de Google Maps paraissent fausses. C’est en fait près de 2800 km effectifs que nous devrons parcourir jusqu’à Phoenix, entre les détours à vélo et les erreurs de prédiction… Nous passons des journées de plus de 7h de vélo en moyenne sur des lignes droites à n’en plus finir.
Siphay écrit : « Cette partie était dure pour le moral. Certains locaux ont dû même nous prendre pour des malades mentaux lorsqu’ils nous entendaient crier pour nous divertir et mieux faire passer les immenses étendues de champs. Je n’oublierai pas ces instants où il faut déjà remonter sur nos bicyclettes après 10 minutes de pauses et que je n’ai pas envie d’y retourner! Seulement d’arriver dans ce nouveau pays… » Les bananiers et cocotiers du climat tropical laisse place aux champs de maïs, puis ceux-ci aux cactus et au désert. Le climat se refroidit doucement mais surement en direction du nord et de notre point de mire : les USA. Sur nos vélos, nous discutons beaucoup pour passer le temps, alignons les blagues et conneries en tous genres comme une bande de trois meilleurs potes motivés peuvent le faire. Bizarrement, si la route est horriblement lassante, l’ambiance est excellente. Nous sommes heureux d’être ensemble.

Cerise sur le gâteau

Le dernier jour en direction de Nogales, nous faisons 140 km et montons de 1000m, en partant à 6h30 du matin de nuit pour passer la frontière de jour. Arrivés à destination en fin d’après-midi, nous passons sans voir de poste où faire tamponner nos passeports et arrivons devant les gardes américains en parlant espagnol, nous croyant au poste de sortie mexicain. Nous devrions retourner 10 kilomètres en arrière en montée pour faire le tampon, mais le garde nous rassure : «Don’t worry guys, you’re in the States now.» Comme une récompense, nous n’aurons pas payé les 265 pesos (environ 16€) pour sortir et, par dessus le marché, le visa que nous avions peur de payer 90€ pour 3 mois nous coûte 6$ ! Ravis de cette performance et de ces bonnes nouvelles, nous entrons aux USA remplis de joie pour une aventure totalement nouvelle.

Tags:
Send this to a friend